Saint-Béat : la Villa Roxane, rendue célèbre par Edmond Rostand, en vente
Récemment, nous apprenions qu'à Luchon la célèbre "Villa Julia" d'Edmond Rostand était mise en vente (lire ici). Et voilà que mon ami Jean-Pierre m'informe qu'à Saint-Béat, c'est la maison consulaire, dite "Villa Roxane", qui est également en vente.
La tradition locale veut que ce soit le balcon de cette bâtisse qui a inspiré Edmond Rostand pour sa célèbre scène du balcon dans Cyrano de Bergerac.
Acte III scène 10
CYRANO
Un baiser, c'est si noble, madame,
Que la reine de France, au plus heureux des lords,
En a laissé prendre un, la reine même !
ROXANE
Alors !
L’ancienne maison consulaire est rénovée au cours du siècle et l’on découvre inscrite sur sa façade la liste des noms de consuls73. Une tradition locale reprise par l’abbé Vignes veut que ce soit le balcon de cette bâtisse qui a inspiré à Edmond Rostant, la célèbre scène du balcon dans Cyrano de Bergerac en 1897. C’est pourquoi peu de temps après le propriétaire de la maison lui donna le nom de “villa Roxane”74 .
ROXANE, s’avançant sur le balcon
C’est vous ?
Nous parlions de… de… d’un…
CYRANO
Baiser. Le mot est doux !
Je ne vois pas pourquoi votre lèvre ne l’ose;
S’il la brûle déjà, que sera-ce la chose ?
Ne vous en faites pas un épouvantement :
N’avez-vous pas tantôt, presque insensiblement,
Quitté le badinage et glissé sans alarmes
Du sourire au soupir, et du soupir aux larmes !
Glissez encore un peu d’insensible façon :
Des larmes au baiser il n’y a qu’un frisson !
ROXANE
Taisez-vous !
CYRANO
Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce ?
Un serment fait d’un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer;
C’est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille,
Une communion ayant un goût de fleur,
Une façon d’un peu se respirer le cœur,
Et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme !
ROXANE
Taisez-vous !
CYRANO
Un baiser, c’est si noble, madame,
Que la reine de France, au plus heureux des lords,
En a laissé prendre un, la reine même !
ROXANE
Alors !
CYRANO, s’exaltant.
J’eus comme Buckingham des souffrances muettes,
J’adore comme lui la reine que vous êtes,
Comme lui je suis triste et fidèle…
ROXANE
Et tu es
Beau comme lui !
CYRANO, à part, dégrisé.
C’est vrai, je suis beau, j’oubliais !
ROXANE
Eh bien ! montez cueillir cette fleur sans pareille…
CYRANO, poussant Christian vers le balcon
Monte !
ROXANE
Ce goût de cœur…
CYRANO
Monte !
ROXANE
Ce bruit d’abeille…
CYRANO
Monte !
CHRISTIAN, hésitant
Mais il me semble, à présent, que c’est mal !
ROXANE
Cet instant d’infini !…
CYRANO
Monte donc, animal !
Christian s’élance, et par le banc, le feuillage, les piliers, atteint les balustres qu’il enjambe.
CHRISTIAN
Ah ! Roxane !
Il l’enlace et se penche sur ses lèvres.