Privatisation des Thermes de Luchon : entretien avec Eric Azémar, président de l'ALVA
Le 6 juin dernier, les élus luchonnais se sont prononcés pour la privatisation des Thermes de Luchon, via une délégation de service public (DSP), à l'exception des élus de l'opposition qui ont voté contre.
Pour rappel, le maire de Luchon, Louis Ferré, a tenu une réunion publique au pavillon Normand, le lendemain du vote des élus pour la concession de l'établissement thermal à un opérateur privé.
En cliquant ici on peut découvrir la vidéo de l'intervention du premier magistrat. Une bonne initiative de la ville si ce n'est que les questions du public (et les réponses du maire) ne sont pas intégrées à ce document. Dommage, non ?
Après mon entretien avec Jean-Paul Ladrix, leader de l'opposition au conseil municipal, (lire ici) c'est Eric Azémar, président de l'Association Luchon Vallées Avenir (ALVA) de répondre à mes questions sur cette future privatisation des Thermes.
Je donnerai également la parole au maire de Luchon, Louis Ferré, sur cet enjeu crucial pour l'économie du sud-commingeois.
Entretien avec Eric Azémar
Le 7 juin dernier, lors de sa réunion publique le maire de Luchon a annoncé la concession de l'établissement thermal à un opérateur privé via une DSP. L'ALVA étant pour la privatisation des Thermes êtes-vous satisfait de cette annonce municipale ?
L’ALVA est, et a toujours été, en faveur de toute solution qui permette aux Thermes de Luchon de retrouver leur place de leader sur le marché thermal français. La concession en est une, mais pas la seule.
Cela fait 5 ans maintenant que nous disons et écrivons qu’il faut passer à un mode de gestion privé pour nos thermes : le monde change vite, seul un opérateur privé à la réactivité et les moyens de faire face à la concurrence et aux attentes d’une clientèle thermale et parathermale de plus en plus exigeante.
Nous sommes donc satisfaits que le Maire se range enfin à nos conclusions. Nous regrettons cependant que cela soit si tardif et surtout d’avoir le sentiment que ce changement de gestion est fait à contre-cœur car le programme électoral du maire en 2014 expliquait encore qu’il fallait garder les Thermes dans le giron du service public !
Quel soudain changement d’optique !
Le nerf de la guerre ce sont les investissements dans nos thermes, ce qui nous a tant manqué cruellement sur les 15 dernières années ! Le retard pris est immense.
Pour Luchon, l’affaire est entendue depuis longtemps : la municipalité n’a pas les moyens d’investir et les velléités passées de monter une SPL pour gérer les thermes ont fait long feu…
Il faut donc être pragmatique et se tourner résolument vers un opérateur reconnu et qui a les moyens de ses ambitions, qui sont aussi les nôtres !
On vient de connaître un problème avec le Casino et la DSP confiée à la SFC qui vient d'abandonner le projet de transfert de l'établissement de jeux aux Thermes Chambert. Pourrait-on connaître une situation similaire avec les Thermes d'après vous ?
C’est en effet le point le plus délicat à gérer dans cette opération : confier la gestion des thermes via une DSP de type Concession, c’est s’engager sur le long terme : 30 à 35 ans ! Il est donc capital de choisir avec soin le futur repreneur. D’autant qu’avec un contrat de concession, le repreneur peut être amené à demander des subventions de fonctionnement à la municipalité en cas de problèmes (et des problèmes de rentabilité en particulier...), sans parler du paiement de la redevance annuelle que, normalement, la mairie doit recevoir…
Vous citez, pour le casino avorté dans les Thermes Chambert, le cas de la SFC, qui est sous plan de redressement judiciaire, ce qui aurait dû alerter le maire (comme nous l’avons fait !)
Pour mettre la ville de Luchon à l’abri, il y a aussi la possibilité d’inclure des clauses de sauvegarde dans le contrat qui sera signé. Nous verrons lors de la présentation du cahier des charges que la mairie doit établir s’il est prévu de réduire les risques au maximum.
Le maire de Luchon a mentionné des délais qui, selon de nombreux observateurs, semblent bien courts pour cette future concession à un opérateur privé d'autant plus que les élections municipales ont lieu en mars 2020. Les deux évènements seraient-ils liés selon vous ?
Il faudrait être bien naïf pour croire que le Maire de Luchon s’aperçoit seulement maintenant qu’il faut changer de mode de gouvernance pour nos Thermes. Cela fait plus de 15 ans que les thermes de Luchon sont en perte de vitesse et il s’en aperçoit seulement un an avant les élections ?
Rappelons que dans son programme électoral de 2014, le maire de Luchon avait inscrit "le maintien des Thermes de Luchon en Régie Municipale" !
Ce qui est très inquiétant c’est le délai de 6 semaines que se donne le maire de Luchon pour finaliser la négociation de concession. C’est un délai trop court qui ressemble fort à de la précipitation : il faut en général plusieurs mois pour négocier de tels contrats complexes et lourds !
6 semaines : c’est nous placer d’entrée en situation de faiblesse vis-à-vis du négociateur.
En effet, on ne peut pas manquer de faire le lien avec la proximité des prochaines élections municipales. C’est sa seule porte de sortie ou plutôt d’espoir de maintien !
En cela, Le maire de Luchon porte une lourde responsabilité sur ses épaules.
Y aurait-il une solution "idéale" pour sauver les Thermes qui sont en perte de vitesse depuis plusieurs années ?
Je ne connais pas de solution idéale ! Disons que la meilleure solution c’est de trouver le meilleur accord possible avec le meilleur acteur actuel du thermalisme français et un accord large, si possible, qui puisse englober d’autres aspects que celui du seul thermalisme.
Luchon est riche de possibilités et de potentiels d’investissements !
C’est à nous de savoir vendre "la Destination Luchon".