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06 Dec

Territoires d'industrie : entretien avec John Palacin, conseiller régional d'Occitanie

Publié par Paul Tian  - Catégories :  #Territoires d'industrie, #Occitanie, #Comminges, #Pays des Nestes, #Pyrénées, #Haute-Garonne, #John Palacin, #Georges Galea, #Steel Electronique, #économie, #Edouard Philippe, #reconquête industrielle

Territoires d'industrie : entretien avec John Palacin, conseiller régional d'Occitanie

Le dispositif "Territoires d'industrie" a été lancé il y a tout juste un an par le Premier ministre Edouard Philippe. Un dispositif qui a pour vocation d'être un maillon supplémentaire dans la reconquête industrielle de la France, avec à la clé plus d'1,3 milliard d'euros. 144 territoires ont été identifiés, parmi lesquels le Pays des Nestes dans les Hautes-Pyrénées et le Comminges. 

Un programme porté par la Région et animé par le binôme John Palacin, conseiller régional et Georges Galea, PDG de l'entreprise Steel Electronique de Martres-Tolosane.

John Palacin répond à mes questions sur ce dispositif  "Territoires d'industrie".

Territoires d'industrie : entretien avec John Palacin, conseiller régional d'Occitanie

Pouvez-vous nous parler du programme "Territoires d'industrie" qui associe les intercommunalités du Pays des Nestes dans les Hautes-Pyrénées et celles du Comminges, côté Haute-Garonne ?

Le dispositif "Territoires d’industrie" est un dispositif lancé par l’Etat et mis en oeuvre avec la Région Occitanie, pour identifier des territoires où il existe une traduction et un potentiel industriel afin de renforcer les efforts pour recréer une dynamique et de l’emploi. Pour obtenir ce label, il fallait bâtir un dossier de candidature, identifier des projets, une cohérence : nous aurons la réponse définitive sur notre dossier en fin d’année. Le pilotage de l’élaboration de ce projet a été assuré par Georges Galéa, PDG de Steel Electronique à Martres-Tolosane et moi-même, accompagnés par la Banque des Territoires et un bureau d’études.

Depuis quelques mois, nous avons organisé une discussion large et riche : elle a dépassé les frontières traditionnelles en réunissant des élus du pays des Nestes dans les Hautes Pyrénées, de la communauté de communes Coeur de Garonne (Boussens-Cazères), et du Pays de Comminges Pyrénées, soit un grand territoire économique dont le trait d’union est l’axe de communication du piémont pyrénéen et une traduction industrielle héritée de l’électro-métallurgie, de la production d’énergie, du bois et de la mécanique. Mais surtout, la réunion a rassemblé des chefs d’entreprises qui ont exprimé leur besoins prioritaires et les défis très concrets qu’ils doivent relever pour croître et créer des emplois.

Il y a de très belles entreprises dans nos territoires : de la jeune start-up MILC qui fabrique des vélos électriques à Labarthe-de-Neste à Arcométal qui produit du mobilier de cuisine sur mesure à Saint-Gaudens et dont la région Occitanie accompagne la belle croissance, en passant par les sociétés Prugent (production de mobilier commercial pour les grandes maisons de luxe) et Mécamont (spécialiste des ouvrages hydroélectriques et de la construction d’infrastructures de transport par cable comme les téléphériques urbains ou de montagne) à Lannemezan. Je pense aussi à MCP Combret à Antignac, dans la vallée de Luchon.

Toutes ces entreprises se développent et ont besoin de recruter des personnes bien formées: le manque de personnels motivés et qualifiés est l’un des principaux blocages aujourd’hui que ces entreprises identifiées. La Région et Pôle Emploi le savent bien puisque nous proposons des accompagnements de formation et RH au plus près des besoins des entreprises, pour encourager le recours à l’apprentissage sur des métiers industriels où il y a du travail et des parcours professionnels intéressants.

Concrètement comment va s'articuler cette "dynamisation" de la filière industrielle sur notre territoire pyrénéen ?

Nous avons identifié des projets très concrets qui vont faire l’objet d’un suivi et d’un accompagnement sur-mesure. Mais surtout, le Territoire d’industrie est un cadre que nous avons ouvert et qui pourra évoluer: il sera possible de proposer l’inscription de nouveaux projets, de nouvelles idées. L’Etat, la Région, les PETR et les communautés de communes seront en lien dans le cadre du territoire d’industrie pour être réactif et proposer un interlocuteur aux entreprises et aux porteurs de projets économiques.

Un autre évidence saut aux yeux après ce travail: l’enjeu environnemental devient central et une partie croissance des Français demandent plus de circuits courts, veulent savoir d’où viennent les produits, que leur consommation, plus sobre, avec moins de gâchis, soit plus riche de sens.

 

Nos territoires peuvent se développer dans la direction d’un modèle économique plus équilibré en s’appuyant par exemple sur :
 

  • des projets innovants liés à un écosystème hydrogène (la pile à combustible à hydrogène permet de stocker l’électricité): en s’appuyant sur le travail de la Région dans Hyport et dans la filière hydrogène en Occitanie, nous pourrions imaginer dans le piémont des Pyrénées des modes de transport à hydrogène (l’expérimentation des rames à hydrogène sur la ligne Montréjeau-Luchon sera l’une des briques, mais également pourquoi pas des minibus à hydrogène, des vélos à hydrogène! Il y a beaucoup de possibilités pour progresser et mettre en place des transports propres, pratiques, souples, adaptés aux besoins dans notre territoire) ;
  • des projets de production d’énergie renouvelable en lien avec le monde agricole (il y a 4 projets de méthaniers aujourd’hui dans le PETR Comminges-Pyrénées) mais également de productions d’énergies renouvelables hydroélectrique, biomasse, photovoltaïque car nos territoires ont les ressources naturelles et foncières, en plus d’une tradition énergétncienne, pour réussir dans ce domaine ;
  • une filière bois qui peut fournir une ressource importante pour de la transformation dans le piémont pour de la construction bois, du bois de chauffage sous forme de plaquettes ou de pellets, du bois d’industrie… le bois est un matériau bio-sourcé qui, dans les Pyrénées, a un bilan carbone neutre car le bois coupé est remplacé par régénération naturelle; l’enjeu est de trouver un beau débouché pour nos bois de feuillus: l’installation d’une scierie industrielle fait partie des projets cible pour le territoire ;
  • des projets en lien avec le numérique peuvent permettre de localiser des activités d’indépendants ou de télé-travailleurs loin des bouchons de la métropole toulousaine, au moins pour une partie du temps de travail; nous avons des capacités d’accueil et un accès direct à la ligne de train Tarbes-Toulouse et à l’autoroute A64 ; 
  • des projets dans la filière agro-alimentaire pour garantir une alimentation locale, plus traçable, qui soit porteuse de sens et surtout de meilleur qualité en s’appuyant notamment sur nos éleveurs, sur le renouveau du maraîchage bio sur de petites surfaces et autour des abattoirs de Saint-Gaudens et de Boulogne qui devront faire l’objet d’investissements.


Quels sont les projets Commingeois qui pourraient être retenus ?

Il faut être prudent car la candidature n’a pas encore officiellement reçu le label "Territoire d’industrie". Mais parmi les projets commingeois déposés, au delà des programmes de formation spécifiques à chaque entreprise industrielle dont le développement requiert de compétences spécifiques, quelques projets peuvent être cités :

 

  • le projet de modernisation des abattoirs de Saint Gaudens et de Boulogne-sur-Gesse, maillons essentiels de la filière agro-alimentaire dans le piémont;
  • un projet de pôle entrepreneurial, numérique et fabrication innovante à Saint-Gaudens
  • la mise en projet d’un éco-système hydrogène (production, consommation, infrastructures) notamment dans la vallée de Luchon.
  • des investissements dans la filière pierre avec des projets très innovants de production de papier-pierre ou de fil de pierre à partir de déchets minéraux;
  • un projet d’implantation d’une unité de recyclage de panneaux photo-voltaïques,


Mais là encore, la liste sera ouverte à l’avenir…

Comment va s'opérer la concrétisation des projets qui seront retenus par le gouvernement ? 

Une fois la décision de labellisation par l’Etat connue, nous organiserons des réunions régulières et une animation commune pour faire avancer concrètement ces projets, en associant toujours partenaires publics et chefs d’entreprise. Dépasser les catégories et les frontières traditionnelles, être pragmatique dans l’intérêt du plus grand nombre, c’est une nécessité pour réussir.

 

Territoires d'industrie : entretien avec John Palacin, conseiller régional d'Occitanie

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"Aucune carte du monde n'est digne d'un regard si le pays de l'utopie n'y figure pas" (Oscar Wilde)