Municipales 2020. Santé, Thermes, Culture, soutien de Méric... : entretien avec Louis Ferré tête de la liste "Passionnément Luchon"
Louis Ferré, maire sortant et candidat à sa succession aux élections du 15 et 22 mars 2020, répond à mes questions. En ce qui concerne la problématique des piscines à Luchon, j'ai publié hier le communiqué de Louis Ferré (lire ici).
Dans moins de trois semaines aura lieu le premier tour des élections municipales. Quand allez vous présenter le programme de la liste "Passionnément Luchon" ? Pourriez-vous m'en donner les grandes lignes ?
Le programme qui sera dévoilé le 29 février va s'appuyer sur le travail qui a été effectué depuis 2008 ; un travail rigoureux d'assainissement, de restructuration et d'investissements qui permet aujourd'hui de porter, en toute sérénité, de nouveaux projets. Par ailleurs, il prend en compte les évolutions que nous avons su mettre en place avec notamment la reprise des stations de ski par le Syndicat Mixte Haute-Garonne Montagne ou l'évolution de la gouvernance des thermes. Nous avons commencé à travailler avec le Département sur un projet de ville ambitieux qui va accompagner le changement de la télécabine en 2021 et qui va permettre de mieux vivre Luchon et d'en faire une ville de montagne exemplaire au niveau environnemental.
Notre bonne connaissance de la gestion d'une commune nous permet de savoir que le champ d'intervention de la mairie est vaste et nous avons des projets dans tous ses domaines de compétence.
Permettez-moi d'en garder la primeur pour la réunion de vendredi...
Vous organisez ce mardi, une réunion publique sur le thème "Santé et Thermalisme". Luchon, comme de nombreux territoires en France, se trouve confronté de plus en plus à un manque criant de médecins généralistes. Quand un praticien part à la retraite ou quitte Luchon, il n'est pas remplacé. De nombreux Luchonnais (mais aussi les curistes et touristes) ne peuvent plus obtenir de rendez-vous dans les cabinets de Luchon. Vos concurrents aux municipales pensent qu'une maison de santé permettrait de palier à ce problème. Est-ce la seule solution ? Et si oui, pourquoi Luchon n'a pas de maison de santé ? N'était-elle pas à votre programme en 2014 ?
Le sujet de la démographie médicale est un problème national et n'épargne pas notre territoire tant au niveau de la médecine de ville que de la médecine thermale.
Nous n'avons pas ménagé nos efforts pour permettre à des médecins de s'installer sur Luchon ; nous avons par exemple accompagné financièrement l'installation de deux d'entre eux qui hélas ne sont pas restés sur Luchon (Je précise que nous avons fait de même avec des paramédicaux qui eux continuent à exercer ici). Nous avons également organisé plusieurs rencontres avec les professionnels de santé et l'ARS et proposé plusieurs projets qui n'ont, hélas, pas abouti.
Car n'oublions pas que la solution passe par la mise en place d'un projet médical et que celui-ci est avant tout l'affaire des professionnels de la santé. C'est à eux qu'il appartient de s'organiser autour du projet, de définir le mode d'organisation le mieux adapté au territoire et à leurs pratiques pour prétendre à un exercice réellement coordonné. Le rôle de la ville étant d'être un stimulateur, un accompagnateur, un facilitateur. C'est la raison pour laquelle nous avons mis en place une étude, cofinancée par la ville et la Région, et menée par la Fédération Occitanie-Roussillon des Maisons de Santé (FORMS) et qui travaille depuis plusieurs mois avec les professionnels de la santé pour bâtir avec eux ce projet. Il permettra notamment de définir les besoins exact du territoire et la solution la plus adaptée et le plus pérenne.
Faire croire que la construction d'une maison de santé (qui relève de la compétence de l'intercommunalité, si elle est agréée par l'ARS je le rappelle au passage) est LA solution miracle qui va faire accourir les médecins à Luchon, est tout bonnement un mensonge : nombreux sont les exemples de communes qui ont construit une maison de santé avant l'élaboration du projet médical, maison restée vide, au final, faute de médecins pour la faire fonctionner !
Eu égard au respect dû aux électeurs, nos concurrents, mesurent-ils véritablement toutes les données du problème ?
La nouvelle saison thermale débute dans quelques jours. Où en sommes-nous avec la future DSP avec un "repreneur" ?
Les négociations sont en cours et se déroulent en toute confiance et en toute sérénité avec les candidats. Si elles prennent plus de temps de prévu, c'est que le sujet mérite d'être traité avec beaucoup de sérieux en préservant les intérêts de la collectivité. Je suis optimiste sur l'issue des négociations si les Luchonnais nous font confiance. Pour tout vous dire, ce qui me préoccupe sur ce dossier, c'est la position de nos adversaires ou plutôt leur absence de position. Si la liste de Jean-François Subercaze est clairement contre le projet, il ne propose rien qu'un statu quo dont on voit pourtant les conséquences. Son homonyme « propose » une solution avec des investisseurs « publics et privés, » sans que l'on ne sache vraiment ce qu'il veut dire par là. Est-ce le projet que l'on mène ? Nul ne le sait ! A moins que, comme M. Azémar, ils envisagent de reprendre notre projet si celui-ci leur convenait. Je conclus de tout cela, que, s'ils jugent notre projet crédible, c'est juste par tactique politicienne qu'ils ont tenté de le tuer dans l'œuf en octobre. Je trouve cela particulièrement grave et irrespectueux pour les habitants de notre vallée et les entreprises locales qui attendent ce projet avec impatience ; sans parler du ressenti des investisseurs !
Au final, nous sommes les seuls à faire une proposition claire, nette et crédible aux Luchonnais.
Lors de mon entretien avec John Palacin, votre ancien colistier, et actuel candidat aux prochaines municipales sur la liste de Gérard Subercaze (lui aussi un ancien de votre liste), il a été question de culture. John Palacin a indiqué que Luchon n'avait pas de "dessein culturel d'ensemble" et qu'il fallait "formuler une proposition cohérente et forte". C'est une analyse partagée aussi par de nombreux citoyens. Comment réagissez-vous face à cette analyse ? Quelle place la culture aura-t-elle dans votre programme 2020-2026 ?
Je ne trouve pas très élégant, de la part d'un élu qui a fait partie du Conseil Municipal depuis 12 ans et qui n'a jamais démissionné du groupe majoritaire, de dénigrer ainsi le travail d'une élue de ce même groupe. Je dois dire que Michèle Cau a fait un excellent travail. Je pense que les équipes municipales et les associations qui s'investissent fortement dans le programme culturel apprécieront aussi ses propos !
En plus des manifestations traditionnelles, nous avons réhabilité le théâtre, rénové et fait classer l'orgue, programmé des pièces de théâtre, accompagné la création de plusieurs festivals, créé des partenariats avec les festivals voisins, fait évoluer bon nombre de manifestations à Luchon, etc... alors non je ne partage pas ce point de vue qui émane d'ailleurs de personnes que l'on ne voit dans aucune manifestation culturelle, qu'elle soit portée par la ville ou non.
Mais, nous ambitionnons cependant de travailler plus encore pour améliorer et adapter l'offre culturelle et les animations. Nous sommes très heureux que deux passionnés de culture, l'un professionnel, Christian de Miègeville et l'autre amateur éclairé, Charles Bagioli, nous aient rejoints.
La population de Luchon baisse de recensement en recensement. Est-ce inéluctable ?
En fait, il n'est pas exact de dire que la population baisse car il faut être précis sur ce sujet : c'est la population permanente qui baisse pas la population totale ! Si on remonte dans le passé, la population de Luchon était de 4135 habitants permanents dans les années 60 pour environ 2000 résidents secondaires. Aujourd'hui, la tendance s'est inversée avec 2455 permanents, dernier chiffre officiel INSEE, pour un peu plus de 4000 secondaires. En 11 ans, de 2008 à 2019, le nombre de résidences principales est resté le même alors que celui des résidences secondaires a augmenté de 14 %. Le marché des ventes immobilières a progressé de 24% en 5 ans ce qui démontre son dynamisme.
Cependant, cette pression exercée par les achats secondaires fait monter les prix et rend l'acquisition difficile pour les permanents les plus jeunes et les moins fortunés qui ont alors tendance à s'installer en périphérie où le foncier est moins cher. S'ajoute à cela le fait que le locatif de tourisme, plus lucratif, est privilégié par les loueurs au détriment du locatif résidentiel. Enfin, le foncier devient rare sur l'emprise de la commune.
Cette situation est le lot commun de nombreuses communes touristiques. Nous avons cependant pris des mesures pour corriger un tant soit peu cette situation. Nous avons par exemple vendu le terrain de la gare à la Cité des Jardins pour la construction de 21 logements sociaux. Nous avons apporté notre caution, avec le Conseil Départemental de la Haute-Garonne, à l'association SOLIHA qui a créé des logements pour les saisonniers sur la ville. Enfin, nous avons voté la Taxe d'Habitation sur les logements vacants pour les inciter les propriétaires à les mettre sur le marché locatif.
Vous avez reçu dernièrement le soutien franc de Georges Méric, président du Conseil départemental de la Haute-Garonne qui a rappelé que vous aviez été choisi comme candidat aux municipales de Luchon par le Parti socialiste. Pourtant, il me semble que dans la liste de vos adversaires "Unis pour Luchon", au moins deux colistiers (et pas les moindres) sont également au PS, non ?
J'ai reçu effectivement le soutien de mon ami Georges Méric avec lequel nous travaillons en parfaite entente depuis plusieurs années sur les projets des stations de ski et de Luchon. J'ai aussi été investi par la fédération du parti socialiste, parti, je le rappelle, du Président du Conseil Départemental et de la Présidente de Région. Partant de là, les candidats qui ont préféré l'ambition personnelle à l'engagement collectif, ne peuvent plus se revendiquer d'un parti dont ils n'ont pas respecté les statuts. Cela leur a d'ailleurs été signifié par les instances.
Ceci étant, et pour autant que je me souvienne, M. Subercaze n'a pas indiqué qu'il était socialiste lors de sa déclaration de candidature ; un oubli parmi d'autres d'ailleurs.
Si chacune des listes luchonnaises présente des candidats aux opinions différentes, y compris la nôtre bien sûr, il n'en demeure pas moins que, dans un souci de transparence et d'honnêteté vis à vis des électeurs, les candidats encartés devraient faire état de leur engagement partisan : les votants sont en droit de connaître, par exemple, la présence du délégué de circonscription du parti "Les Républicains", qui est une fonction toute à fait respectable, sur la liste "Réussir Luchon Ensemble".
Pour notre part, si chacun connaît de longue date mon engagement, l'adhésion de tous s'est faite, indépendamment des colorations politiques, autour de notre Passion pour notre ville et du respect des valeurs : l'humanisme, la solidarité, l'intégrité et la tolérance.