Du côté de chez Jachri : "Le pays des autres" de Leïla Slimani
Au fil de ses romans, l’écriture de Leïla Slimani a gagné une puissance, un souffle et une limpidité qui m’ont épatée dans le premier opus de cette saga romanesque. Et comme elle a su brosser de magnifiques portraits ! Avec quelle tendresse !
Et surtout une formidable Mathilde, sorte d’Emma Bovary alsacienne transportée en 1947 sur une terre aride et perdue au Maroc où l’a emmenée Amine qui a combattu pour la France.
Elle est grande, Mathilde, elle dépasse Amine d’une tête, elle est joyeuse, parfois capricieuse, pleine d’imagination. On l’aime !
Amine l’aime aussi, il a faim d’elle, même s’il regrette parfois de ne pas avoir épousé une femme soumise comme sa mère Mouilala, et qu’il lui balance quelques gifles…
C’est qu’elle étouffe vite, Mathilde, dans ce bled, où son mari et elle travaillent comme des forcenés, où les plaisirs n’ont pas leur place, où elle rêve d’autre chose, même s’il y a sa fille surdouée Aïcha et son petit Selim.
Leïla Slimani, qu’on connait pour son engagement, nous décrit combien, dans ce pays, la lutte des femmes pour leur émancipation est un dur combat contre la toute puissance des hommes.
D’autant que bientôt vont arriver les violences pour l’indépendance du peuple marocain.
C’est formidable, un pur régal, et Mathilde est une héroïne magnifique !