En période de confinement, le maire en place... ne sera pas le maire élu par les citoyens
C'est le paradoxe de cette crise sanitaire du Covid-19 et des mesures d'exception mises en place par le gouvernement.
Dimanche dernier, les citoyens étaient appelés à voter pour leur future équipe municipale, avec éventuel un second tour, ce dimanche.
Dans 30.000 communes, les équipes municipales ont été élues au premier tour et l'élection du maire et de ses adjoints devaient avoir lieu, légalement et comme le prévoit le code électoral, entre ce vendredi et dimanche.
Mais voilà, le gouvernement, en matière d'élections municipales, avance au coup par coup...
Après avoir maintenu le 1er tour des municipales, il a annulé le second tour, au grand dam de très nombreux constitutionnalistes (lire ici).
Puis le gouvernement, via les préfets, a décidé que l'élection des conseils municipaux élus au 1er tour auraient bien lieu ce week-end.
Ainsi à Luchon, Louis Ferré, le maire battu dimanche dernier a annoncé l'élection du futur maire et de ses adjoints, samedi à 15h. Eric Azémar devait donc naturellement devenir maire de Luchon, à ce moment là. La tenue du conseil municipal du 21 mars devant se tenir à huis clos.
Tout donc avait été organisé entre Louis Ferré et Eric Azémar pour le bon déroulement de cette passation de pouvoir...
Oui, mais voilà, c'était sans compter sur l'incohérence du pouvoir en cette période de crise sanitaire !
Et c'est ainsi que jeudi, Edouard Philippe annonçait le report de cette élection des maires à la mi-mai... et probablement bien après !
Donc pendant des mois ce sont des maires battus aux élections qui continueront à exercer leur "non-mandat" dans des villages et villes...
Drôle de démocratie, non ?
Certes, vous allez me rétorquer que nous sommes en période d'état d'urgence sanitaire et que cette situation est d'exception.
Oui, mais alors pour quelles raisons cette situation aujourd'hui d'exception ne l'était pas il y a deux semaines, quand de nombreuses personnalités politiques et de la société civile, notamment des médecins et professeurs de médecine, avaient demandé au président de la République de reporter sine die les élections municipales ?
Le chef de l'Etat s'y était alors opposé... on voit aujourd'hui les conséquences de ces atermoiements !
A lire sur "Le Point" :
- Quand Macron imagina un report des municipales (cliquez ici)