Entretien avec l'écrivain Gabriel Valdemosa... amoureux de Luchon
Voici ci-après l'entretien que m'a accordé Gabriel Valdemosa après avoir répondu précédemment à mon quiz (lire ici). Un romancier "marqué à jamais" par son passage... dans notre cité thermale.
Pouvez-vous me parler de votre premier livre "Akuma, le dernier elfe" ?
C’est un livre de fantasy jeunesse et young adult, c’est à dire que son public cible serait les 15-30 ans même si j’ai eu de très bons retours de personnes plus âgées qui ont eu la curiosité et l’envie de le lire. Je dis toujours qu’il n’y à pas d’âge pour rêver et s’enfuir dans les livres. Il suffit d’aller à leur rencontre avec curiosité et esprit d’ouverture.
Le personnage principal, Akuma, est un demi-elfe qui s’ignore. Il a grandi dans un orphelinat. Il ne sait rien de son passé, de sa nature, de son histoire, de ses pouvoirs…
C’est un parcours initiatique pour Akuma, quelqu’un va lui tendre une main secourable qu’il va accepter et, à partir de là, il va entreprendre ce chemin initiatique. Il va pouvoir également tisser le fil de son passé qu’il reconstituera à travers ses rencontres et ses aventures. Il va se rendre compte que tout le monde à l’air d’en savoir plus que lui-même sur son histoire. L’histoire sur passe dans un royaume imaginaire où la résurgence d’une force ancienne met la sécurité en péril.
J’assume le côté livre de magie et d’aventures mais ce n’est pas que ça. J’ai voulu qu’il y ait un message humain : on n’est pas forcément ce que l’on est destiné à être. On peut avoir mal commencé mais décider de faire que le chemin soit plus beau. Pas forcément plus facile mais plus beau. Les ancêtres d’Akuma ont fait des choses épouvantables ce n’est pas pour autant qu’il finira comme eux… ou peut-être que oui. Tout dépendra de ses choix, de sa volonté, des sacrifices qu’il consentira à faire ou pas et de sa capacité de résilience. Il faudra lire les cinq tomes de cette saga pour avoir la réponse et pour connaître l’histoire et le passé tant du héros que de ceux qui l’entourent.
Vous êtes passionné de littérature Fantasy ?
Je suis passionné de littérature en général mais il est certain que la fantasy a été le déclic pour écrire. La fantasy est le champ de tous les possibles car l'auteur de fantasy doit inventer tout son univers : ses codes, ses rites religieux, ses coutumes, sa gastronomie, son système politique, intégrer les créatures dont il souhaite peupler cet univers... C'est une création de A à Z. Quelque part, en ouvrant un livre de fantasy, on rentre en explorateur dans un monde vierge où tout est à découvrir. C'est ça qui me fascine dans ce genre littéraire et c'est aussi ça que je souhaite proposer à mes lecteurs.
Je suis d'un naturel ouvert d'esprit, j'aime toutes les littératures de l'imaginaire (fantasy, fantastique, réalisme magique...), aussi bien celles pour très jeune public comme "Narnia", celles pour ados et young-adults comme "A la croisée des mondes"(P. Pullman), "Harry Potter" (JK Rowling), "Le hobbit" (Tolkien) et celles qui sont davantage pour adultes comme "Le Seigneur des anneaux" (LE classique par excellence, Tolkien), "Le nom du vent" (P. Rothfuss), "Le trône de fer" (G.R.R.Martin) ou encore "Le prieuré de l'oranger" (S. Shannon) que j'ai terminé récemment et qui est une oeuvre magnifique. J'espère aura autant de succès que "Le trône de fer".
Ce que j'aime également dans la fantasy c'est le fait que cette littérature, pour moi, ouvre l'esprit de ses lecteurs, les rends plus tolérants et plus curieux. Il y a dans la fantasy des races aussi différentes que les hommes, les elfes, les nains, les vampires etc... qui cohabitent plus où moins ensemble. Elles s'affrontent, se jalousent, s'allient, se trahissent, se réconcilient... Pour moi cette littérature sous couvert d'aventures et de magie ouvre sur le respect, la tolérance et la compréhension de l'autre. Ce sont des livres à double lecture et à double message. On peut se contenter de l'aventure en elle-même ou on peut aller au delà.
Pouvez-vous me parler de la suite de Akuma ?
Oui, bien sûr. Là, j'ai un deuxième livre qui vient de sortir et qui n'a rien avoir avec Akuma. Mais je vais écrire la suite d' "Akuma, le dernier elfe" : elle est d'ailleurs déjà en partie écrite.
"Akuma, le dernier elfe" est conçu comme une Saga en 5 tomes.
Dans le premier, Akuma a 14 ans, il est très jeune et a énormément de choses à découvrir. Ce premier tome "La lune de sang" me permet en priorité de planter le décor pour le lecteur : les personnages principaux et les liens qui éventuellement se tisseront entre eux, une première intrigue à travers laquelle Akuma va commencer à se découvrir et à s'adonner à la magie. Les quatres autres tomes seront beaucoup plus sombres avec des intrigues beaucoup plus éprouvantes pour les personnages et donc pour le lecteur ! Ils continueront à dévoiler les secrets insoupçonnés d'Akuma et de tous ceux qui l'entrourent. Akuma est tout jeune et doit absolument continuer à grandir, à évoluer, à choisir ce que sera sa route. Il sera plus que jamais tenté, tiraillé, entre sa nature profonce, ses atavismes c'est à dire les caractéristiques profondément ancrées en lui "héritées" de ses ancêtres et son coeur.
Quelque part Akuma marche sur un fil. D'un côté il y a le mal (représenté par ses ancêtres et ce qu'il a hérité d'eux) et de l'autre le bien (le coeur, la raison, sa situation et son entourage actuel). De quel côté basculera-t-il au final ?
Pouvez-vous vous présenter à mes lecteurs ?
Je suis né en Espagne dans les années 80. J'ai grandi et étudié en France car ma famille maternelle est française et nous avons décidé de nous rapprocher d'eux. Je suis à la base de formation littéraire et je possède un diplôme en langue, littératures et civilisations hispaniques. C'était pour rentrer dans l'enseignement des langues vivantes. Mes premiers postes ont été des postes de professeur de français en Espagne. Puis d'espagnol en France.
J'ai toujours aimé lire et écrire. On a déjà parlé de la fantasy mais, en raison de mes études, j'ai dû lire énormément de classiques à la fois français et hispaniques (Balzac, Beaumarchais, Zola, Montherlant, Camus, Maupassant, Sagan, Molière, Perez Galdos, Valle Inclan, Sepulveda, Garcia Marquez, Lorca etc...).
D'ailleurs j'ai parmi ces classiques certains de mes livres préférés comme "Au Bonheur des Dames" de Zola, "La reine morte" de Montherlant, "Doña Perfecta" de Perez Galdos, "Le vieux qui lisait des romans d'amour" de Sepulveda et bien entendu "Cent ans de solitude" de Garcia Marquez.
Pour moi, l'écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez est le plus grand écrivain de tous les temps. En ce moment je suis d'ailleurs en plein dans un classique : "Notre-Dame de Paris" de Victor Hugo que je relis avec plaisir.
J'aime également beaucoup les polars (Agatha Christie bien sûr, mais aussi Chattam, Preston & Child, Minier, Vargas, Harlan Coben...)
Quand je ne lis pas j'écoute (beaucoup) de musique, je vais au cinéma, je randonne car j'aime beaucoup la nature, j'aime aussi flâner dans dans les villes surtout les villes inconnus et m'y perdre au gré de mes ballades, le regarde la télé : je suis très séries...
Un jour j'ai décidé d'écrire, il me fallait donc un métier moins chronophage que l'enseignement... Je devais trouver un emploi qui me laisse tout mon temps hors boulot pour écrire... c'est ainsi que je suis arrivé à Luchon... et c'est ainsi que nous arrivons à votre prochaine question.
Vous m'avez dit être très attaché à Luchon. Vous pouvez m'en dire plus...
Oui je suis très attaché à Luchon pour plusieurs raisons.
D'abord, c'est bête à dire, mais tout simplement car je devais n'y être que de passage pour une saison de trois mois... et j'y suis resté sept ans. C'est l'endroit où j'ai habité le plus longtemps pour des raisons professionnelles. Alors forcément on prend racine. J'y ai travaillé dans le tourisme et dans le thermalisme, côte bien-être à Luchon Forme et Bien-Être.
Ensuite, car, à mon arrivée à Luchon j'ai été saisi par la beauté de la ville. Il faut quand même le reconnaître c'est un cadre absolument magnifique !
On ne s'attend pas à trouver cette très belle architecture napoléonienne au coeur des Pyrénnées. Cette abondance de bâtiments art-déco (le Casino, la halle du marché, l'ancien hôtel Pardeilhan) : c'est splendide ! Le parc du Casino et le parc thermal sont très appréciables. Et puis les Allées d'Etigny m'ont rappelé le Cours Mirabeau à Aix-en-Provence. C'est notre petit Cours Mirabeau, c'est une artère vivante, extrêmement agréable.
Ensuite le cadre : cette ville lovée en plein coeur de la montagne, pour moi qui aime la randonnée et la nature: c'est un rêve éveillé. Cette nature est majestueuse, elle a un côté très protecteur, rassurant.
À force de vivre dans un environnement tellement privilégié je pense que malheureusement, on à parfois tendance à oublier la chance que nous avons.
Après j'ai été surpris par la vie culturelle qu'il y a. Je ne suis absolument pas d'accord quand on dit qu'il ne se passe rien à Luchon. Nous avons quand même des évènements ponctuels importants et variés qui marquent l'année : le Festival de Créations Télévisuelles, Le Festival de Cinéma Latino-Américain organisé par le cinéma Rex, le Festival Garosnow, Les rencontres littéraires qui - même si elles ont mal commencé - ont fini par aboutir, Le Luchon Motor Days, la Fête des Fleurs et sa variante pour les enfants etc..
Je suis d'accord qu'il faudrait peut-être une politique municipale plus ambitieuse pour la ville afin de la rendre attractive tout l'année et pas seulement à des moments précis.
Il faudrait rouvrir le Casino c'est évident : une ville thermale a besoin d'un casino !!
Quelques aménagements à Superbagnères aussi...
Peut-être pourrait-on rendre les Allées d'Etigny piétonnes de Juin à Septembre pour que les touristes puissent profiter de petits concerts aux terrasses des cafés sans avoir le passage des voitures qui sont une véritable verrue sur ces belles allées !
Et puis il est évident qu'il faut faire quelque chose pour les Thermes.
Luchon est "La Reine des Pyrénées", elle a été la première ville thermale de France pendant des années, nous avons la chance d'avoir ce Vaporarium qui est unique en Europe et pourtant le thermal dépérit !
Hélas, les installations intérieures sont vieillissantes !
J'ai travaillé dans ce bâtiment splendide, du côté bien-être, je le souligne encore une fois. Les équipes sont pleinement investies dans leur travail, je ne laisserai jamais dire le contraire. L'équipe d'accueil est avenante, souriante, motivée et tente au maximum de satisfaire aux demandes des clients.
Le pôle hydro a la chance de bénéficier de la présence de 4 hydrothérapeutes qui sont là depuis des années, des clients reviennent spécialement d'année en année pour tel soin avec telle ou telle autre hydrothérapeute. Ils ont tissé de vrais liens avec elles et avec leurs soins de qualité! J'ai été témoin de ces demandes. Tout le pôle esthétique est également à fond. J'ai eu la chance de travailler sous la Direction d' Anna Changeux qui est une personne de qualité.
Alors oui, les installations sont vieillissantes, oui il faudrait rafraîchir, moderniser, changer beaucoup de choses à l'intérieur des thermes mais la ressource, l'implication du personnel et la compétence sont là !!
Il faudrait aussi réhabiliter la voie de chemin de fer qui nous amenait beaucoup de curistes qui n'avaient pas d'autres moyens pour venir à nous et que nous ne pouvons donc plus recevoir.
Mais Luchon a tous les atouts pour elle : beauté de la ville, du cadre, station de ski, sports d'air et de montagne, thermalisme, commerces encore relativement nombreux, proximité de l'Espagne, de Toulouse, sécurité, qualité de vie exceptionnelle...