Du côté de chez Jachri : "Nickel boys" de Colson Whitehead
Dans ce roman, comme dans le précédent, l’auteur s’emploie à montrer les zones sombres, très sombres, de l’Amérique et de ses lois raciales des années 1960. Mais ici, il s’agit d’enfants noirs envoyés dans une soi-disant école en Floride, Nickel Académie, où ils sont maltraités, martyrisés, voire tués, dans l’indifférence générale jusqu’à ce que, en 2012, soit découvert un cimetière clandestin avec plus de 80 corps. Une enquête permet alors de retrouver d’anciens « élèves » qui racontent l’innommable subi par ces enfants.
Le jeune Elwood Curtis est un ado noir élevé par sa grand-ère, bon garçon, très doué, féru de lecture, admirateur de Martin Luther King et il doit même aller à l’université. C’est alors qu’il monte dans la mauvaise voiture, ignorant qu’elle a été volée, et qu’il est envoyé à Nickel Académy, sans pouvoir se défendre. Et les sévices commencent…
Il y rencontre Turner, ado noir qui subit, en essayant de rester vivant, mais sans espoir de justice, juste survivre, et il devient son ami.
Ce récit est bouleversant, âpre, même si la description des scènes de violence est volontairement peu usitée par l’auteur, celles-ci sont suggérées, mettant ainsi à distance l’horreur, pour mieux décrire la menace permanente pesant sur les enfants, leur détresse faisant d’eux, à jamais, des adultes totalement détruits, incapables d’en parler.
C’est un voyage difficile mais indispensable pour venir à bout du racisme.