Du côté de chez Jachri : "Ce qu'il faut de nuit" de Laurent Petitmangin
"Alors, on commentait davantage, on restait prudents dans ce qu’on disait. On se rendait mieux compte du poids et de la violence des opinions." Cette phrase à elle seule exprime le thème de ce roman.
Une famille modeste, un père et ses deux fils, l’ainé Fus et le benjamin Gillou, et puis la "moman" qui souffre d’un cancer et s’éteint doucement, voilà les personnages de ce roman doux amer. Le père est à la SNCF, il assiste aux réunions du parti socialiste et aux matchs de foot de Fus, leur vie sociale est presque limitée à ces deux évènements. Ils s’organisent entre eux trois, ce sont des taiseux mais l’amour les unit.
Cet équilibre simple, banal et sans couleurs bascule quand Fus commence à sortir avec des copains d’extrême-droite. Le père, bercé à "L’internationale", ne le reconnait plus, ne peut plus le voir face à lui, il ne peut plus lui parler, il ne peut pas comprendre, ce fils est devenu un étranger.
Quand la situation entre bandes rivales qui collent des affiches bascule dans une violence inouïe, ce père est dévasté. C’est lui qui raconte et le lecteur a souvent envie de le prendre dans ses bras tellement c’est poignant.