Covid-19, soutien économique de la Région Occitanie, stations pyrénéennes, saisonniers... : John Palacin répond à mes questions
John Palacin, conseiller de la Région Occitanie, président de l'association de préfiguration de l'Agence des Pyrénées et conseiller municipal d'opposition à Luchon répond à mes questions.
Vous avez tenu, dernièrement, une conférence de presse, à Saint-Gaudens, avec notamment les présidents François Arcangeli et Alain Puente, "pour détailler l'ensemble des mesures prises par la Région Occitanie pour soutenir le commerce, l’artisanat, le tourisme et l’événementiel, particulièrement touchés par la crise et le confinement". Quelles sont donc ces mesures ?
La Région s’était fortement mobilisée au printemps pour répondre à la première vague de la pandémie et aux conséquences économiques et sociales du premier confinement: tranches d’aide complémentaires à celles-de l’Etat pour n’oublier personne, soutien à la production de masques, achat de masques pour les acteurs qui en avaient le plus besoin, etc. Aujourd’hui, la deuxième vague nous frappe, plus sourde, peut-être plus dure et avec un gros impact économique sur des petites entreprises, commerçants et indépendants déjà usés par l’épreuve du printemps : la Région s’est à nouveau mobilisée face à l’urgence sanitaire, sociale et économique.
Sur le volet sanitaire, pendant l’été et à la rentrée pour favoriser une offre régionale d’équipements : des masques sont produits en Ariège en quantité suffisantes, redonnant du travail à l’industrie textile, sans oublier un soutien particulier pour une entreprise innovante en Comminges, CNI basée à Landorthe.
Nous avons fourni des masques aux lycéens et aux apprentis, tout comme nous avions veillé à ce que des repas équilibrés et locaux soient proposés aux étudiants boursiers. Sur le plan économique, la Région a notamment élargi ses aides aux secteurs culturels, sportifs et évènementiels qui, avec les commerçants, les restaurateurs et les hôteliers sont les plus touchés par les fermetures administratives.
En partenariat avec la communauté de communes, la chambre des métiers et la chambre de commerce et d’industrie, la Région déploie un dispositif "L’Occal" pour soutenir les commerces et l’artisanat. La mesure emblématique de ce dispositif qui prévoit de prendre en charge le loyer du mois de novembre: si elles disposent d’un pas de porte, font actuellement l’objet d’une fermeture administrative et sont redevables d’un loyer durant cette fermeture, les entreprises pourront bénéficier de la prise en charge d’un mois de loyer dans la limite du plafond (1000 €). "L’Occal" permet aussi d’aider les professionnels qui veulent réaliser leur site internet, mettre en place le "click & collect" et essayer de passer au commerce digital. C’est un moment de crise mais aussi un moment où chacun recherche de nouvelles solutions.
Pour faire rimer consommation locale et commandes par Internet, la Région Occitanie a aussi déployé deux plateformes numériques :
- "Tous Occitariens" (tousoccitariens.fr), pour se procurer des produits alimentaires ou des plats à emportés réalisés par des restaurateurs ou des orateurs,
- et la plateforme "Dans ma zone" (dansmazone.laregion.fr), recensant les artisans, fabricants et commerçants d’Occitanie à proximité et où près de 15.000 produits très divers ont été référencés.
Ces mesures "régionales" viennent-elles en complément de celles annoncées par l'Etat ?
Oui, en grande partie. Les mesures se complètent et la Région agit au plus près de la population et des entreprises.
La fermeture annoncée par le gouvernement des remontées mécaniques va impacter durement les stations pyrénéennes et notamment celles du luchonnais. Comment la Région Occitanie va pouvoir aider le territoire si cette fermeture est confirmée mi-décembre ?
Le temps est celui du combat contre une décision qui peut paraitre à bien des égards inique et ridicule. L’ensemble des acteurs économiques de la montagne ont préparé les conditions sanitaires d’une ouverture sécurisé des stations. Le Gouvernement a balayé tout ce travail d’un revers de la main. Dans ce contexte-là, j’ai aussi une pensée pour les restaurateurs à qui on a imposé des conditions drastiques d’ouverture cet été, qui ont investi pour pouvoir travailler et à qui l’on impose une nouvelle fermeture. C’est le sens de la motion adoptée par le Comité de Massif. C’est le sens de la position exprimée par Carole Delga.
Pour ma part, j’ai échangé avec plusieurs professionnels luchonnais ces derniers jours au sujet de la création du collectif et j'étais bien entendu présent vendredi à la marche solidaire.
En juillet dernier, en tant que président de la commission permanente du comité du Massif des Pyrénées vous avez adressé un courrier au Premier ministre pour l'alerter sur la situation critique des saisonniers (voir ci-après). Une situation critique qui s'est amplifiée avec l'annonce de la fermeture des remontées mécaniques. Le gouvernement a annoncé une aide pour les travailleurs précaires, saisonniers, intermittents ou extras avec une "garantie de ressource de 900 euros par mois" jusqu’en février 2021. Etes-vous satisfait de cette décision gouvernementale ?
Dès le mois de mars avril, il est devenu évident que le cumul d’un hiver sans neige, du confinement qui venait amputer la fin de saison et les effets de la réforme de l’assurance chômage qu’a voulu Emmanuel Macron et qui durcissait leurs conditions d’accès aux chômage, mettait les saisonniers, notamment dans nos vallées des Pyrénées, dans une situation difficile et précaire: là où certains ont pu traverser les période protégés par un CDI ou un statut de la fonction publique, les saisonniers, les indépendants, les auto-entrepreneurs, les commerçants indépendants, les artisans, tous ceux qui travaillent de façon autonome, se sont trouvé en difficulté.
Alors, au nom de la commission permanente du Comité de massif des Pyrénées, j’ai écrit au Premier ministre et aux ministres compétents pour alerter sur la situation des saisonniers qui deviendrait intenable si rien n’était fait.
Je suis heureux qu’une mesure ait été prise : j’espère qu’elle soulagera un peu les difficultés de beaucoup de saisonniers mais j’ai bien conscience que le plus urgent pour eux est de pouvoir travailler, que l’activité reprenne dans les stations, les hôtels, les restaurants et dans le secteur touristique au sens large.
John Palacin avec les élus locaux et départementaux, vendredi 4 décembre, lors de la marche solidaire à Luchon (Photo Facebook @SébastienDenard)
Courrier au Premier ministre Jean Castex