"Guet-apens à Saint-Gaudens" : le nouveau polar Commingeois de Christian Louis
L'auteur Commingeois Christian Louis est un habitué de mon blog. A juste titre. Lire ses polars est un vrai plaisir, tout comme l'interviewer. Aujourd'hui, il nous parle de son dernier roman "Guet-apens à Saint-Gaudens"... mais aussi de cette nouvelle période de confinement qu'il analyse avec lucidité et bon-sens. Une analyse que je partage...
Vous pouvez retrouver Christian Louis sur sa page YouTube (ici) où il s'auto-interview et nous parle de "Guet-apens sur Saint-Gaudens"
Un auteur que vous pourrez retrouver samedi 12 décembre, de 9h à 17h, à la librairie du Super-U de Montréjeau.
Vous venez de publier votre nouveau roman "Guet-apens à Saint-Gaudens". Est-ce une suite de "L'assassinat de Saint-Béat" qui a remporté un très beau succès sur notre territoire commingeois (entre autre) ?
Il ne s’agit pas d’une suite mais d’une nouvelle aventure policière qui concerne les mêmes personnages : Bertrand de Fondeville, l’affreux Martin, D’Etigny, l’ingénieur Cathérinot, Lassus-Camon, Lassus-Duperron. Le roman est autonome. Pour autant, il se déroule à la même période, fin 18ème siècle, et dans les mêmes lieux, le long de la Pique et de la Garonne. 410 pages de quête d’un assassin...
Pouvez-vous résumer pour mes lecteurs le sujet de ce nouveau roman ?
"Guet-apens à Saint-Gaudens" est un roman policier historique :
Action, aventure, crimes, attaques…
Hiver 1762, un Prussien rentrant du Portugal est assassiné à la sortie de Saint-Gaudens, dans la forêt de Landorthe, sur la route royale de Toulouse.
L’ingénieur des Ponts et Chaussées Jean-Baptiste Cathérinot mène l’enquête, aidé secrètement par les membres de la loge maçonnique de Saint-Gaudens.
Basé sur des faits réels, son enquête nous fait découvrir le milieu des marins qui convoient les radeaux sur la Garonne et celui de l’industrie textile florissante.
Sous le règne de Louis XV, nous croisons le fameux intendant Mégret d’Etigny, le célèbre Maréchal Duc de Richelieu, la famille de Lassus, et toute une galerie de portraits de Pyrénéens de l’époque.
Nous voyageons dans les Pyrénées, du Port de Vénasque à Luchon, de Saint-Gaudens à Montréjeau, à Auch, à Carbonne, à Cazères, à Luchon, à Saint-Béat, à Fos, ainsi qu’à Lisbonne, à Paris, à Versailles et à Compiègne.
Nous découvrons la vie quotidienne d’un peuple, des villages et des châteaux, de la montagne et de la ville, ainsi que des événements oubliés qui se déroulèrent entre 1755 et 1770.
Comment écrit-on un roman sur fond d'Histoire ? Beaucoup de recherches j'imagine…
Oui. Tout débute par un fragment qui intrigue, ici, la référence à plusieurs crimes perpétrés à Montréjeau et à Saint-Gaudens. L’envie d’en savoir plus conduit à enquêter dans toutes les directions: les archives départementales, la BNF, des archives d’institutions diverses, ainsi que des documents privés que je découvre en parlant de ma recherche. Ma page FaceBook est ici d’une grande utilité. De nombreux lecteurs me suivent et, certains, détenteurs de pièces, m’en font part. C’est ainsi que l’on m’a communiqué une photo du château de Saint-Mamet eu début du 20ème siècle par exemple. Lorsque j’ai rassemblé toutes ces pièces, j’essaie de les faire parler. Peu à peu, s’élaborent des réponses à mes questions.
Vient alors le choix de l’angle d’attaque et des personnages principaux. Une idée générale du roman commence à s’inviter. Puis c’est la stade de l’écriture.
En parallèle, je poursuis des recherches sur des points obscurs du récit : lieux, vêtements, outils…
Comme toujours, il faut combler les trous des archives. Je n’ai pas les portraits des personnages, sauf les plus connus. Je dois me déplacer sur les lieux pour décrire un paysage, la façade d’un château.
Dans l’écriture, je suis alors comme un pilote de canoë sur une rivière rapide. Ça fonce.
La relecture permet des rectifications.
Un autre roman en cours ?
Oui. Je travaille à un polar noir, sanglant, qui retrouve les enquêteurs de "Balade mortelle dans les Pyrénées" : Blandine Pujol et Vincent Darbon. Le Comminges est bien sûr le cadre de cette quête. Actuellement, je réuni des pièces de cette affaire imaginaire qui se déroule à Saint-Tarin et plus généralement dans le Comminges.
Vous êtes très présent, ce n'est pas une critique venant de ma part (sourire), sur les réseaux sociaux, notamment Facebook avec notamment des pages dédiées à chacun de vos romans. En ces périodes de crise sanitaire et de confinement/déconfinement j'imagine que c'est pour vous un excellent moyen de rester en contact avec vos nombreux lecteurs ?
Je constate, de la part des lecteurs, une empathie et une bienveillance qui font du bien par ces temps de violence verbale et physique. Je me dois de constater que, plus mon lectorat s’élargit, plus il est friand de contacts, d’échanges, toujours en respectant mon intimité, mon retrait protecteur pour écrire. Nous aimons échanger. Les Salons du Livre et les dédicaces chez les libraires sont entre parenthèse. La rencontre se fait donc, pour l’instant, de façon virtuelle. Espérons que cela ne durera pas. Car le format FaceBook est bref. Je ne peux développer. Autre problème, je suis limité à 5.000 amis. Je ne peux donc par répondre positivement à toutes ces demandes d’ajout. Je le déplore.
J’écoute beaucoup ce que me disent les lecteurs en général. Leur avis critique est riche et toujours constructif. Certains aiment les descriptions, d’autres les dialogues, d’autres le style, certains l’énigme. Seul point commun: quel est votre prochain livre ? Quand je termine un roman, j’ai l’impression de leur faire plaisir.
Allez-vous prendre votre "bâton de pèlerin" pour partir à la rencontre de vos lectrices/lecteurs dans les librairies et autres lieux du comminges ?
Ah oui. Déjà plusieurs rendez-vous sans date sont arrêtés. Une conférence à la Médiathèque de Saint-Gaudens. Une conférence-dédicace au Château de la Terrasse à Carbonne. Les lecteurs comprendront pourquoi… Une dédicace à Aspet, une dédicace à Montréjeau à l’Espace Culturel du Super U, une conférence au Casino de Barbazan, et d’autres en cours de précision.
Christian Louis et le nouveau confinement !
Comment vivez-vous ce nouveau confinement ? Toujours isolé dans votre "cabane" pyrénéenne entouré d'isards ?
Malheureusement non. Je me suis replié sur ma maison des collines au milieu de ma documentation. Je dois attendre le 15 décembre pour filer en montagne et me nicher à nouveau au coeur de la forêt.
Souvent, sur mon île face aux montagnes, j’ouvre la fenêtre télévisuelle. Je regarde, un peu médusé, les affrontements verbaux des invités des plateaux des chaines d’info. Beaucoup de personnages excessifs. Un vrai catalogue de sachants, déclarant avec véhémence ce qu’il faudrait faire dans cette situation de crise. Voilà un bon matériau romanesque.
Je me délecte aussi d’écouter les nombreuses théories du complot. Une école de l’imaginaire foisonnant. Souvent, je me dis qu’il serait impossible d’écrire dans un roman, ce que j’entends, tellement c’est lunaire. J’attends avec gourmandise celui qui va nous expliquer que nous subissons une invasion extraterrestre.
Ce confinement et ce débat permanent indique l’importance de l’éducation, de la philosophie, non point universitaire, mais humaine et de base. Regarder, écouter, se débarrasser des commentaires et penser par soi-même. Une révolution culturelle personnelle, en quelque sorte.
Autant dire que mon retour dans la forêt sera vécu comme une bonne douche intellectuelle, un carnet à la main, un clavier en action, les yeux perdus dans l’entrelacs des branches, sous le regard des cerfs et des biches.