Pyrénées. Berger poursuivi par un ours : une "hystérie collective" dénonce le Collectif CAP-Ours
Mardi dernier, un berger a été poursuivi par un ours dans les Pyrénées, l'estive de l'Estremaille, à Saint-Lary, en Ariège. Par chance, il a pu échapper au plantigrade, en se réfugiant dans sa cabane (lire ici).
Suite à cet incident, le maire de la commune, Gérard Dubuc, a décidé de porter plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui". De son côté, Alain Servat, président de la Fédération pastorale de l’Ariège (FPA) a évoqué un acte du "quotidien des bergers aujourd’hui" tout en appelant l'Etat à "des décisions drastiques".
Face à ces réactions qui ont connu un écho retentissant sur les réseaux sociaux, le Collectif CAP-Ours qui regroupe des associations de protection de la nature (WWF, France Nature Environnement, Ferus, ADET, Pays de l'Ours-ADET...) a dénoncé, lundi, une "hystérie collective orchestrée systématiquement par certains élus et organisations anti-ours" tout en précisant que cette charge s'est terminée "sans contact ni blessure" et que "si l'ours avait voulu blesser le berger, il en avait la capacité physique et il n'en a rien été".
Le Collectif s'étonnant au passage que les charges d'ours (9 de 1996 à 2021, avec un seul blessé) font davantage de bruit qu'au "moins 23 randonneurs ou chasseurs blessés, pour la plupart grièvement, et un tué, par des bovins en estive" entre 2010 et 2020.
Communiqué de CAP-Ours :
Une charge d’intimidation d’un ours vient de se produire sur un berger, à juste titre choqué par cet évènement. Cela s’est terminé sans contact ni blessure. Notons que si l’ours avait voulu blesser le berger, il en avait la capacité physique et il n’en a rien été.
Devant l’hystérie collective orchestrée systématiquement par certains élus et organisations anti-ours, il convient de remettre en perspective ces événements.
De 1996 à 2021, on décompte 9 charges d’ours dans les Pyrénées, en général des femelles suitées, envers des randonneurs, des chasseurs ou des bergers. Ceux-ci en ont été quittes pour une bonne frayeur, sauf un chasseur blessé au bras en tombant.
De 2010 à 2020, sur le seul versant français, on dénombre au moins 23 randonneurs ou chasseurs blessés, pour la plupart grièvement, et un tué, par des bovins en estive. Un recensement loin d’être exhaustif, car tiré de la presse. Il ne prend donc pas en compte les très nombreuses charges n’ayant heureusement pas fait de victimes, ni les éleveurs attaqués par leurs propres bêtes (voir les statistiques de la MSA).
Curieusement, ces évènements dramatiques sont ignorés par ces mêmes élus anti-ours, qui ne portent pas plainte pour "mise en danger de la vie d’autrui", ni a fortiori ne demandent la suppression du pastoralisme bovin.
Aux yeux de ces élus et organisations anti-ours, il semble donc que la vie humaine n’a pas la même valeur selon l’animal, si ce n’est pour être opportunément instrumentalisée dès qu’il s’agit de vouloir éliminer l’ours et de défendre certains intérêts corporatistes.
Rappelons que les charges d’intimidation des ours peuvent se produisent en cas de rencontre à courte distance quand l’ours est surpris et se sent menacé. Une charge d’intimidation n’est pas une attaque. Dans le cas présent, rencontrer un homme, la nuit, alors qu’il essaie d’éviter une prédation peut être interprété par l’ours comme une agression et provoquer une charge d’intimidation.
Comme le nombre d’ours augmente, il y aura de plus en plus de rencontres, voire de charges d’intimidation, comme il y a tous les ans des accidents mortels ou graves avec des vaches, des chiens, des sangliers, des cerfs, etc. que l’on trouve « normaux ».
La quasi-totalité des estives en Ariège ne pratique pas le triptyque de protection complet requis (berger + chiens + parc de regroupement nocturne électrifié). La plupart des troupeaux sont en couchade libre, alors que, dans ce cas l’approche d’un prédateur a cinq fois plus de chances de se transformer en prédation réussie, même en présence de chiens, que si le troupeau est à l’abri derrière un obstacle électrifié.
Personne ne demande le retrait des vaches et des chevaux de la montagne malgré de regrettables accidents. La cohabitation avec l’ours est tout aussi possible en s’en donnant les moyens, qui existent, et en bannissant une mauvaise foi bien trop présente chez les opposants.
La richesse est dans la diversité. La montagne vit et n’est pas réservée au lobby agricole.