Entretien avec Gabriel Valdemosa, qui publie "Le crime du parc thermal" : "Luchon est un personnage à part entière du livre"
Gabriel Valdemosa est un habitué de mon blog. Après avoir travaillé aux thermes, il a quitté Luchon, mais reste un grand fidèle de la cité thermale. Il vient de publier un polar "Le crime du parc thermal". Son unique polar m'explique t-il dans l'entretien qu'il m'a accordé, lui qui est un auteur de fantasy...
Vous pouvez trouver l'ensemble de ses écrits sur les plateformes Amazon et Kobo
Vous venez de publier un roman policier "Le crime du parc thermal" alors que l'on vous connaît pour vos livres Fantasy ! C'est une nouvelle direction dans votre cheminement littéraire ?
C'est plutôt une petite parenthèse. On retourne toujours vers ses véritables amours alors bien entendu, je retournerai à la fantasy. Mais c'est vrai qu'écrire un polar était très excitant pour moi !! L'exercice m'obligeait à me reconnecter au monde réel finalement avec des personnages plus proches de nous qui pourraient être nos amis, nos voisins, nos collègues. On ne les travaille pas du tout de la même façon et ce fut un joli défi ! Est-ce que je l'ai relevé...? Je ne sais pas... ce sera à mes lecteurs de le dire mais je ne doute pas qu'ils risquent d'être déroutés par cet ouvrage. Quoi qu'il en soit, ce sera le seul et unique roman policier que j'écrirai.
Pouvez-vous nous parler de ce roman policier qui se passe à Luchon, une ville que vous connaissez bien ?
L'héroïne, Elizabeth, revient à Luchon dix ans après l'accident domestique qui a coûté la vie à sa soeur jumelle, Hélène. Elle est encore très marquée par ce décès. A tel point qu'elle a quitté la ville peu après l'enterrement. Elle s'est réfugiée à Barcelone et n'a plus remis un pied à Luchon depuis. Elle est donc dans un état psychologique fragile. Elle redoute les retrouvailles avec son passé, avec la ville et avec ses proches qu'elle a laissés sans redonner signe de vie. La chose est déjà mal engagée pour elle mais quelques jours après son retour on trouve un cadavre au parc thermal. La victime est vêtue de la robe que portait sa soeur le jour de sa mort. Elizabeth replongera donc dans la tourmente.
Mis à part l'enquête et l'état psychologique d'Elizabeth j'ai voulu offrir toute une galerie de personnages parfois hauts en couleurs pour pimenter ce roman. Le rendre un peu vénéneux, dérangeant, voire scabreux afin de dérouter davantage le lecteur est une position assumée. Le meurtrier se cache, bien entendu, dans cette galerie de personnages.
Un autre élément important est la ville.
Je ne voulais pas simplement que l'intrigue se passe à Luchon, je voulais que Luchon soit un personnage à part entière du livre.
Voilà pourquoi j'ai tenu à caractériser particulièrement la ville, son architecture, ses lieux, des bruits typiques, des odeurs comme celle du bois dans la cheminée que j'adorais sentir en plein hiver quand je me promenais dans les rues de la cité thermale. Une personne qui habite Luchon reconnaîtra évidemment chaque endroit du roman. Elle aura l'impression d'être DANS l'histoire avec les protagonistes.
C'est voulu !
Une personne qui ne connaît pas Luchon mais qui lira le livre pourra venir visiter la ville et reconnaîtra parfaitement les endroits cités dans le livre.
L'intrigue, il est vrai, se passe essentiellement à Luchon mais pas que... D'autres endroits comme Saint-Bertrand-de-Comminges ou Nestier sont également dans "Le crime du parc thermal".
Comment vous est venu l'idée d'écrire un roman policier ?
Le polar et le thriller sont deux genres littéraires que j'affectionne particulièrement. J'aime lire des auteurs comme Chattam, Minier, Preston & Child, Karine Giebel.
Mais mon maître en la matière est très classique : Agatha Christie. C'est l'excellence dans le classicisme au niveau polar. Je les ai presque tous lus. C'est un peu dans cet esprit que j'ai construit ce livre y compris dans sa structure.
Contrairement à mes romans fantasy qui font 300, 400 pages, "le crime du parc thermal" est un petit livre qui se lit rapidement. Il n'a pas pour autre ambition que d'embarquer le lecteur dans l'intrigue et lui faire passer un bon moment.
Beaucoup de romans d'Agatha Christie étaient également courts. Si vous prenez des titres comme "ABC contre Poirot", "La maison du péril" et beaucoup d'autres, vous verrez qu'ils dépassent de peu les 200 pages. J'ai construit "Le crime du parc thermal" de cette façon et dans cet esprit.
Avez-vous besoin d'un long travail préparatoire pour construire vos romans, modeler vos personnages ?
Oui, je me fais des sortes de fiches. Les "cartes d'identité" de mes personnages. Avec leurs qualités, leurs défauts, leurs traits de caractère, leurs caractéristiques physiques, leur histoire personnelle. Je leur invente une vie, un passé, parfois même si ça n'impacte pas forcément le cours de l'histoire. J'aime qu'ils soient très définis. Du moins, en ce qui concerne mes personnages principaux. Les personnages secondaires peuvent être parfois plus esquissés.
Les lieux sont également très importants, particulièrement dans mes romans de fantasy où la part descriptive est importante. Une pièce circulaire meublée avec goût dans la partie la plus haute d'une tour... ce n'est pas assez pour moi.
Comment est cette tour ? Que voit-on depuis cette tour ? La pièce est meublée avec goût... bien : les meubles sont de quel bois ? est-il sculpté ? quelles décorations ?
Plusieurs lecteurs de mes romans fantasy m'ont dit que j'avais un écriture "cinématographique" car ils disent voir exactement l'endroit, être dedans. C'est un joli compliment.
Des romanciers écrivent leur roman sur plusieurs mois ou années, d'autres en quelques semaines. On se souvient de Georges Simenon qui écrivait chaque roman en 21 jours... Et vous, de quel côté vous situez-vous ?
Disons que sur quelques mois je fais un travail de fond, je prends le temps de créer tout ce background sur les personnages, de tricoter la trame. Une fois que tout est prêt, que "le squelette" est en place, l'écriture devient quelque chose d'évident et donc de fluide.
Mais au total, je prends quelques mois. J'adorerais écrire un roman en 21 jours!!! Ce serait un véritable don ! Mais malheureusement ce n'est pas le cas...
Dernière question. Quand vous êtes en mode écriture, comment cela se passe t-il ? Vous avez besoin d'un environnement particulier ? Quels sont vos moments privilégiés pour écrire ? Vous avez une "routine" d'écriture ? Des rituels ?
Un moment calme, silencieux, parfois (rarement) avec de la musique insprante, un thé toujours... et comme je peux écrire de longues heures, au final, ça fait plusieurs thés ! Je dois être chez moi, absolument. Une idée peut surgir n'importe où bien sûr mais pour écrire, je dois être chez moi. J'admire ces gens qui peuvent écrire à la terrasse des cafés mais je ne suis pas de ceux-là. J'ai besoin d'un calme absolu. J'aime écrire l'après-midi et la nuit. Comme j'ai horreur de la nuit, je mets à profit son calme, chez moi, pour créer.