Pyrénées : le maire de Melles lance un SOS "pour la survie de la ruralité"
Alors que se déroule du 16 au 19 septembre le Salon de l'Agriculture "Les Pyrénéennes" à Saint-Gaudens, et que se profile la campagne présidentielle, le maire de Melles, Alban Dubois, lance un pavé en direction des "acteurs de la montagne" et des "décisionnaires" en leur "demandant... de l'honnêteté et du courage politique pour la survie de la ruralité dans les Pyrénées".
Le nouveau maire de ce petit village pyrénéen rappelle que la commune a participé activement, il y a 25 ans, "à la réintroduction des ours en France" et que maintenant il serait temps de réintroduire... des agriculteurs !
Face à une "situation en déclin... depuis des décennies", il faut "adopter du bon sens" martèle Alban Dubois.
"Le territoire se referme, les taillis prennent le pas des prés et nous font courir à grandes enjambées vers l’incendie.
"A Melles, l’accès est impossible pour les véhicules des pompiers de grands gabarits. Nous n’avons pas de réserves d’eau, l’incendie s’arrêtera lorsqu’il n’y aura plus de combustible. Non seulement de nombreuses habitations sont en danger, mais aussi des forêts primaires et toute une faune et une flore remarquable.
"Cette terre est une des dernières vallées authentique et naturelle des Pyrénées.
"Il devient de fait, pour nous les Hommes, un sacerdoce de la protéger. La reprise agricole est la seule solution écologiquement et techniquement acceptable, la mécanique, le pétrole et les euros ne peuvent pas entretenir ces immenses espaces à la charge des communes et des petits propriétaires terriens.
Notre salut viendra des équidés, des ovins, des bovins, des cochons, des lamas, des chèvres, de tout animal domestique qui par son besoin de s’alimenter et son piétinement, nous protégera. Il devra alors être décoré à genoux de la légion rurale..."
(Extrait communiqué de presse)
Ours et pastoralisme
Pour le maire de Melles, "s’il n’y avait pas d’ours dans les Pyrénées, il n’y aurait quasiment plus d’éleveurs en estive, simplement parce que cela représente une manne financière importante. Mais nous ne pouvons pas sous ce prétexte, laisser les troupeaux en garde-manger pour le prédateur…
Nous sommes très inquiets pour notre avenir agricole montagnard, donc très inquiet de ne pas pouvoir défendre la commune de l'ultime punition, l’incendie.
Depuis trop d’années, les démarches partisanes issues de discours malhonnêtes des pro ou anti ours, associés à un manque de courage politique, génèrent aujourd’hui une véritable problématique qui va conduire à l'élimination sauvage des ursidés, à la disparition du pastoralisme, et à la grave diminution de la randonnée en montagne suite à la grandissante inquiétude des pratiquants vis à vis des prédateurs et des chiens Patou.
Il existe pourtant des orientations possibles pour 'un vivre ensemble' aux conditions sine qua non suivantes :
- Du courage politique, pour les mesures à prendre envers les ours classés « à problèmes » dans le but de protéger l’espèce.
- Des moyens légaux et financiers conséquents à l’OFB et son réseau ours,
- Des outils modernes de protection et de surveillance des troupeaux.
- Du courage politique, pour les mesures à prendre dans le but de protéger le pastoralisme.
(Extrait communiqué de presse)
Quelles solutions ?
Pour le maire de Melles, des solutions existent :
- Ajouter un classement "ours dangereux pour le pastoralisme" ou modifier les critères d'appréciation "ours à problèmes".
- Poser des colliers GPS sur les plantigrades soupçonnés de prédations lourdes.
- Enlever et parquer les ours dangereux, l’effarouchement ne fait que déplacer les prédations sur les communes voisines. La loi autorise de placer des gens en détention, ce n’est pas choquant de parquer des ours à problèmes.
- L’euthanasie d’un ours à problèmes doit aussi devenir une possibilité dans des cas graves d’ours classés à problèmes, cette action générera de la légitimité au développement de l’espèce et protégera la majorité des ursidés friands de myrtilles.
- Donner les moyens aux bergers de surveillance moderne (jumelles de vision nocturne, drone, suivi GPS).
- Donner les moyens légaux et techniques aux bergers de pouvoir "éduquer" les ours lorsqu’ils s’approchent des troupeaux avec des méthodes dures, si la loi autorise de frapper des humains avec balles en caoutchouc ou des décharges électriques, pourquoi ce n’est pas possible pour les ours ?
- L’OFB doit pouvoir identifier rapidement les ours problématiques via l’exploraMon ADN et autres, aujourd’hui les délais sont de 3 mois.
- Au-delà des démarches scientifiques, l’OFB, les services de l’état doivent être en mesure d’utiliser les appareils photographiques pour identifier les plantigrades, le suivi généalogique est devenu hors de contrôle suite à l'évolution conséquente du nombre d’individu, la question n’est plus de savoir qui est la descendance de qui !! Mais essentiellement de protéger les troupeaux, de protéger le pastoralisme, de protéger la ruralité…
- Les bergers doivent absolument rassembler le soir les troupeaux et les protéger via des chiens de protection dressés et éduqués.
- Il faut limiter la taille des troupeaux, cela induit plus de bergers et plus de cabanes décentes, ce n’est plus possible en 2021 de laisser des bergers vivre dans 7 m², sans réseau internet avec les souris et le vent qui traversent les murs faits de pierres sèches.
- Les animaux doivent monter en estive en bonne santé, il n’est pas possible d’autoriser l'altitude pour des bêtes trop vieilles ou malades dites "bêtes à prime", cette action entre dans une dynamique d’honnêteté et de transparence, cela permet entre autres de protéger le pastoralisme en montagne du déclin.
- Mettre le territoire en sécurité par une couverture téléphonique ; 80 % du territoire à Melles n’est pas couvert ; la solidarité nationale doit offrir ce confort aux zones rurales, ce n’est pas réservé aux citadins.
- Diffuser par une action publique, une large campagne d'information et de formation auprès des randonneurs sur la conduite à tenir face aux chiens de protection des troupeaux. Les chiens Patou ne sont pas en montagne pour terroriser les randonneurs, ils sont juste essentiels à la protection des élevages. Il faut comprendre qu’ils sont en combat quasiment chaque nuit avec les prédateurs, cela induit de la fatigue et une agressivité permanente.
"Et si aucune amélioration effective n'est prise ?
Le maire de Melles indique qu'il prendra les dispositions suivantes pour la saison 2022 sur le territoire de sa commune :
- Toutes les activités scientifiques et touristiques et liées aux ursidés seront annulées.
- L’ensemble des appareils photographiques du réseau "Ours brun" via l’OFB seront enlevés.
- Afin de protéger les randonneurs d’éventuels accidents avec les chiens de protection, Le GR10 et les chemins de randonnées seront fermés le temps de l'activité pastorale.
Autant dire que si l'été prochain, ces dispositions étaient prises par la municipalité de Melles, (notamment la fermeture du GR 10), les médias nationaux ne manqueraient pas de s'intéresser (enfin?) à la survie de la ruralité dans ce petit territoire pyrénéen qui n'est pas que symbolique...
Alban Dubois, nouvel élu commingeois, alerte, avec courage et détermination, sur les enjeux d'une ruralité pour qu'elle ne soit pas irrémédiablement "en voie d'extinction".
On ne peut que croiser les doigts et souhaiter que élus, décideurs et acteurs de la montagne se saisissent de ce SOS pour imaginer à l'avenir une ruralité vivante et non transformée en "écomusée" !