Réduction de moyens, suppression de filières par le Rectorat : à Gourdan-Polignan, au lycée des Métiers Paul-Mathou, c'est NON !
Ce lundi 31 janvier, c'était jour de mobilisation au lycée des Métiers Paul-Mathou de Gourdan-Polignan après les annonces du Rectorat de Toulouse visant à réduire les effectifs du BTS Travaux Publics et du Bac Professionnel maintenance des équipements industriels et à supprimer le CAP peintre-carrossier, avec pour probables conséquences, des suppressions de postes d'enseignants et des lycéens commingeois obligés d'aller étudier ailleurs (Tarbes, Toulouse... ?)
Les enseignants ont organisé ce lundi matin une marche entre Gourdan-Polignan et Montréjeau pour sensibiliser les parents d'élèves, les élus et les habitants du territoire à cette "logique comptable" du Rectoral qui ne passe pas.
"Un véritable coup dur... La capacité d'accueil va diminuer de 40 élèves entrants" avec "des conséquences sur les classes de Premières et Terminales", sans compter "les effectifs de vie scolaire" et "un certain nombre de personnes qui vont voir leurs postes supprimés" explique sur "100% le radio", Franck Blandin, professeur de maintenance des équipements industriels et porte-parole du mouvement de grogne.
Un arbitrage du Rectorat qui n'est pour le corps enseignant qu'une "décision purement budgétaire" avec au bout du compte, le sacrifice des "établissements scolaires ruraux."
Situation au Lycée Paul-Mathou de Gourdan Polignan (CGT Comminges)
Le Rectorat a décidé, pour la prochaine année scolaire :
- de fermer le CAP peinture en carrosserie -
- de diviser par deux les capacités d’accueil : = du bac pro MSPC (ancien bac pro maintenance des équipements industriels), = du BTS TP (Travaux Publics)
Historique du dialogue de la Direction avec les services du Rectorat
Sur la forme, une réunion en visio a été organisée, par le Rectorat, du jour au lendemain avant les vacances de Noël, informant l’équipe de direction que des filières du lycée étaient en danger. Nos interlocuteurs nous ont laissé entendre que cela n’était pas acté et que l’on pourrait discuter.
Un courrier est parti du lycée dès le lendemain donnant des arguments de maintien de ces différentes filières en milieu rural.
Aucune réponse, aucun contact avec les services du rectorat, jusqu’au lundi 17 janvier 2022, jour où nous recevons la dotation horaire pour l’établissement.
A notre grande surprise la dotation horaire a baissé alors que la structure reste la même !!
M. Pahin, Proviseur du lycée, se rend au rectorat pour un autre motif. Il en profite pour aller au service de la Dotation et là, le chef de service lui annonce les fermetures qui nous expliquent alors la baisse de dotation.
Si le Proviseur ne s’était pas déplacé, nous ne saurions toujours pas que la structure pédagogique du lycée est ainsi impactée.
Sur le fond, les trois filières concernées rencontrent effectivement des difficultés de recrutement mais ces difficultés s’expliquent, se combattent, si on laisse le temps aux établissements de travailler.
Le CAP peintre en carrosserie se prépare en 1 an après l’obtention d’un diplôme de l’automobile.
Nos élèves de CAP Carrosserie poursuivent leurs études dans cette filière. Effectivement depuis de nombreuses années, nous avons environ 5 à 6 jeunes par an pour un effectif maxi de 10. Néanmoins, nous avons 100% d’embauche en local à la sortie de ce diplôme.
Ce CAP est la seule réelle « poursuite d’étude » pour nos jeunes de CAP carrosserie qui sont très souvent issus de familles en difficultés et qui ne vont pas faire une autre formation ailleurs.
Ce CAP est ancré dans le tissu économique local. Il est amené à être réformé puisque des travaux de rédaction d’un nouveau référentiel sont en cours. Mais en l’attendant pourquoi fermer une filière porteuse d’emploi en local ?
= Le Bac PRO MSPC se prépare en demi-section. Le recrutement depuis deux ans est faible effectivement.
Lors de la procédure d’affectation des jeunes dans la filière pour septembre 2020, l’offre de ce bac pro a totalement disparu du logiciel Affelnet, il est donc difficile de le demander s’il n’apparaît pas dans les choix. Nous avons par miracle réussi à intégrer 13 jeunes en seconde malgré cela.
Lors de cette rentrée scolaire, le changement du nom de la filière, l’apparition en seconde de la nouvelle famille de métier (donc changement de nom sur la procédure d’affectation), tout cela dans un contexte covid, empêche une information fiable des jeunes et des familles.
Aujourd’hui, les services de maintenance ans l’industrie embauchent. Conscients des problématiques de recrutement, nous avions lancé un certain nombre d’actions :
- un partenariat avec EDF pour une coloration barrage hydraulique de la filière,
- une étude afin de voir si l’ouverture d’une nouvelle filière post bac en lien avec les stations de sport d’hiver (nous sommes géographiquement au milieu de la chaine pyrénéenne et la très grande majorité des stations sont en Occitanie) est possible. Cela permettrait de proposer à nos élèves de cette terminale une poursuite d’étude en interne, chose que demandent les familles pour des problématiques financières de déplacement et de logement notamment.
Le BTS Travaux Publics subit la réduction des capacités d’accueil.
Cette filière mise à mal durant ces dernières années par un contexte économique complexe, retrouve aujourd’hui une croissance importante avec des offres d’emploi conséquentes. Elle va donc de nouveau être impactée alors qu’il y a un réel besoin local d’étudiants formés.
Le recrutement est compliqué depuis quelques années à cause d’un contexte économique local où les embauches dans ce domaine étaient plus limitées.
Malgré cela nous étions tous les ans au seuil de dédoublement des filières.
Aujourd’hui, les embauches sont légion, les besoins évidents, et les professionnels communiquent sur leurs besoins de jeunes formés, ceci est en totale contradiction avec la décision qui vient d’être prise. Conscients de nos difficultés, nous étions aussi en action sur cette filière avec l’ouverture de l’apprentissage en publics mixés.
Au vu de tout ceci, notre demande, est de décaler ces fermetures de deux ou trois ans, pour laisser le temps à l’établissement de travailler comme il l’a toujours fait.
Pour mémoire, le bac pro TP recrutait 7 jeunes en seconde il y a 4 ou 5 ans, aujourd’hui nous avons une vingtaine de jeunes sur chacun des niveaux (seconde, première et terminale).
(Photo illustration : capture lycée polyvalent Paul-Mathou / Page d'accueil)