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21 Apr

#Présidentielle2022. Magyd Cherfi (Zebda) : "J'ai pas voté Mélenchon... J'ai eu envie de me payer le luxe de dire : arrête de te foutre de notre gueule"

Publié par Paul Tian  - Catégories :  #Présidentielle2022, #Zebda, #MagydCherfi, #Facebook, #chronique, #Mélenchon, #gauche, #LePen, #Extrême-droite, #PesteBrune, #politique, #artiste, #musique, #Toulouse

#Présidentielle2022. Magyd Cherfi (Zebda) : "J'ai pas voté Mélenchon... J'ai eu envie de me payer le luxe de dire : arrête de te foutre de notre gueule"

Le chanteur de Zebda et écrivain, Magyd Cherfi a publié une chronique sur sa page "Facebook" dans laquelle il explique les raisons pour lesquelles il n'a pas voté, le 10 avril dernier, pour le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon :

"J’ai pas voté Mélenchon, je me suis vengé qu’il n’ait pas appelé à faire barrage au Front, c’était y a cinq ans. J'ai eu envie de me payer le luxe de dire : arrête de te foutre de notre gueule. J'étais révulsé qu'il ne dise pas en 2017 qu'il fallait faire barrage au Rassemblement national".

Il en profite de régler ses comptes avec "la faillite humaniste, universaliste de la gauche, son laxisme et sa couardise..."

Que ça fait du bien de lire en ces temps extrêmes, une tel texte ! Il existe donc encore des artistes qui l'ouvrent !

Enfin, au moins il en reste UN. Merci Magyd !

La chronique "Entre deux contre..." de Magyd Cherfi sur sa page "Facebook"

"Entre deux contre...

J’ai pas voté Mélenchon, me suis vengé qu’il n’ait pas appelé à faire barrage au front, c’était y a cinq ans. Il a failli passer cette fois, quel dommage ! Qu’y puis-je si je tiens à sauver mon honneur ?

Heureusement, nous, arabes et noirs, ou français c’est selon, éternels enjeux d’élections de toutes sortes, n’avons plus peur de Marine Le Pen, et ce depuis belle lurette, la chose est dite. Le rassemblement national s’est inscrit dans le paysage électoral, badin, banal et presque légitime. Double peine pour nous, accepter d’être les boucs émissaires de tous les maux de la société française et être infusés d’une rancœur irréversible envers la gauche.

Heureusement nous n’avons plus peur. Cette peur nous la laissons aux français « incontestables » ou légitimes c’est selon. Nous vous laissons vous effrayer seuls, nous vous laissons à vos dandysmes antifascistes car il y a longtemps que vous nous avez abandonnés. De guerre lasse il a bien fallu qu’on admette que c’est pas tant la soit-disant idéologie fasciste qui était à craindre mais la faillite humaniste, universaliste de la gauche, son laxisme et sa couardise.

Désormais c’est toute une moitié de la France qui en pince pour une droite extrême et nous l’acceptons. Nous l’acceptons parce que nous sommes démocrates et français et qu’il faut bien se rendre à l’évidence nous ne devons plus compter sur les forces de gauches pour qui nous avons davantage été un problème qu’une solution. A nos revendications, toujours il nous a été opposé un « oui mais » qui nous a été fatal. J’énumère … Ok pour l’islam à condition qu’il soit soluble dans une république laïque et catholique, ok pour l’intégration à condition que le voile ne soit pas une soumission à quelques mœurs rétrogrades (comme si c’était le cas pour l’immense majorité des filles et femmes qui le portent). Ok pour les mariages mais avec des youyous au volume sonore réduit et cachez nous ces moutons égorgés avec cruauté. Ok pour soutenir l’OM mais sans drapeaux algériens, ok pour la marche des beurs mais sans droit de vote même aux élections locales, ok pour que vous soyez français mais avec une carte de séjour permanente (maman y est soustraite depuis près de soixante dix ans). Ok pour le droit d’asile si vous êtes ukrainiens, ok pour que vous vous rassembliez contre le front, mais pas ok pour que vous vous retrouviez dans des mosquées qu’on tolère si toutefois elles ne dépassent une certaine hauteur (car le grand remplacement commence comme chacun sait par une histoire de hauteur … de vue). Ok pour votre présence mais avec un seuil de tolérance, ok pour s’opposer à l’idéologie frontiste même si elle pose les bonnes questions (dixit Fabius). Ok pour l’immigration mais pas recevoir toute la misère du monde, ok pour l’intégration mais avec proposition de déchéance de la nationalité qui comme chacun sait ne s’adresse pas à l’immigration suisse, portugaise ou lettone. Visés ! l’arabe et le noir. Ainsi, de Charybde en je ne sais plus qui, de « oui Mais » en « faut pas pousser » , de « faut pas exagérer » en « quand même pas » la gauche a perdu la bataille culturelle de l’universalisme. Il a suffi d’un « Mais » à toutes les lignes, d’une petite conjonction pour que meure l’idéal multiculturel. Ce « Mais » qui a permis que s’introduise une différence mortifère, une opposition sournoise, une funeste objection à l’ universalisme réel. Bien sûr il y a eu des lois, des aménagements pour huiler le rouage, mais il n’a été que huilé pas solutionné. Il ya eu des lois, de bonnes intentions mais sans la considération censée les accompagner. Sans avoir été chassés ou totalement exclus nous n’avons jamais été « souhaitables » tout est question de sémantique. Chère gauche tu as « fais avec » et ce fut insuffisant, tu as eu peur de nous et pire de toi-même. Tu n’as pas su t’incarner dans le métissage qui n’est au fond qu’une idée de modernité, tu t’es refusé à l’inéluctable, ce que Mélenchon a appelé « la créolisation » sans s’y être clairement investi lui-même. Si Marine Le Pen ne l’emporte pas ces jours-ci la prochaine sera la bonne car le désespoir nous pousse à tenter le pire ennemi plutôt que l’adversaire. Oui, par lassitude ou par dépit la vengeance guidera le choix des urnes, le chaos plutôt que l’hypocrisie générale. Le choix se portera sur celui qui vous achèvera net. Arabes, noirs, roumains, chômeurs, rmistes et femmes isolées préfèreront le pire à l’agonie. Nous ne voulons plus être à la fois les victimes de ceux qui ont peur et de ceux qui font peur. Marine Le Pen n’est pas un monstre, elle est bien plus banale que ça, c’est une comptable du malheur des plus faibles et l’investissement rapporte. Quelque soit l’issue de cette élection la victoire lui est acquise car le malheur a toujours une longueur d’avance et la promesse son impardonnable retard."

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La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité (Albert Camus)