Rassemblement à Luchon pour la grève de ce jeudi : mes questions à Cédric Caubère, Secrétaire Général de la CGT 31
Une manifestation commingeoise à Luchon, cela n'avait pas eu lieu depuis 1995 pour la CGT. Quelles en sont les raisons ?
La CGT est le premier syndicat du département, largement en tête auprès des salariés du Comminges en général et du Luchonnais en particulier. Elle se doit de porter l’action là où les salariés souffrent le plus et où les revendications sociales s’expriment le plus fort.
Luchon est un symbole très parlant !
Ces derniers mois, les salariés de nombreux secteurs ont décidé de relever la tête et de se mobiliser pour ne plus subir.
Nous pensons entre autres à celles et ceux des collectivités locales, de la santé, de l’énergie, de l’Omya à St Béat, des stations du Mourtis et de Superbagnères qui ont bien souvent obtenu des résultats tangibles en matière d’augmentation des salaires et du pouvoir d’achat.
Dernière mobilisation en date : la grève des salariés de la blanchisserie des Thermes qui refusent la fermeture de leur établissement et la disparition des emplois et qui se battent pour pouvoir vivre et travailler à Luchon.
Appeler à manifester à 10 heures à Luchon ce 29 septembre, c’est donner le signal qu’en France, un des pays les plus prospères du monde, nous refusons que la richesse soit concentrée entre les mains de quelques-uns dans quelques métropoles. Nous voulons du travail pour tous, partout et bien payé.
Cette grève de ce jeudi est nationale. Pouvez-vous rappeler à mes lectrices et lecteurs les grandes lignes des revendications ?
Cette date est la première journée nationale interprofessionnelle de grève et de manifestation de la rentrée sociale. Des débrayages et des grèves auront lieu dans tous les secteurs professionnels aussi bien du public que du privé.
Au cœur de toutes les revendications, il y a les salaires.
Les salaires étaient déjà insuffisants avant que l’inflation ne s’en mêle, aujourd’hui pour les salariés, la situation sociale devient insupportable.
Tout cet été, des gens qui ne se refusent rien, ont tenté de nous culpabiliser parce que nous n’avons pas d’autre choix que d’utiliser nos voitures. On nous méprise en nous expliquant à quelle température nous devrions nous chauffer cet hiver, alors même que la plupart d’entre nous devrons faire des sacrifices pour payer le chauffage.
C'est justement le moment qu’ont choisi MEDEF et gouvernement pour provoquer les salariés, actifs, retraités, privés d’emploi et la jeunesse en attaquant le système de retraites et l’assurance chômage.
Trop, c’est trop !
En nous mobilisant pour nos salaires, nos retraites et l’assurance chômage, nous repartons à la conquête de notre dignité de travailleuses et de travailleurs.
Pour revenir au niveau local, les salariés de la blanchisserie des Thermes se sont mis en grève, inquiets pour leur avenir. Selon le maire de Luchon, cette blanchisserie est vouée à la fermeture avec la reprise de l'établissement thermal par le groupe privé Arénadour. Du côté des salariés et de la CGT on imagine que cette blanchisserie peut avoir un avenir sur le territoire. Vous pouvez m'en dire plus ?
Le maire de Luchon va un peu vite en besogne. Il fait comme si la vallée pouvait se payer le luxe de voir disparaître 15 emplois. Peut-être que pour lui ça ne signifie pas grand-chose, mais les maires passent et les habitants restent. 15 emplois supprimés, ça veut dire 15 familles sur le carreau immédiatement, mais aussi 15 emplois en moins pour les jeunes du canton et autant d’espoir de moins de pouvoir vivre et travailler à Luchon.
La crainte est grande que d’autres activités de l’établissement thermal soient impactées elles aussi. Personne n’a été en mesure de nous rassurer à ce sujet…
Dans une ville qui mise sur le développement de l’activité thermale et qui compte de nombreux hôtels, centres de vacances, maison de retraite et collectivités en tous genres, la blanchisserie a un fort potentiel de développement.
À l’heure de la prise en compte de l’environnement, des circuits courts et du développement du tourisme vert, personne ne comprendrait qu’une noria de camions avec son cortège de nuisances, sillonne les routes pour amener le linge se faire laver à Toulouse.
C’est pour le moins contradictoire avec la décision de la présidente de région de rouvrir la ligne SNCF écologique Montréjeau-Luchon.
Contrairement à ce que le maire a pu dire, l’outil de travail est entretenu et opérationnel, les locaux permettent de développer l’activité et le personnel parfaitement capable de traiter plusieurs tonnes par jour avec une production au plus près des besoins.
Nous attendons des pouvoirs publics qu’ils conviennent avec le nouveau gestionnaire des Thermes la reprise de l’activité blanchisserie et des personnels qui vont avec. Ce n’est pas en sacrifiant l’emploi qu’on relancera les Thermes ni qu’on donnera un nouvel essor à la ville de Luchon et sa vallée.
La forte inflation qui touche, notamment, la France, impacte directement le pouvoir d'achat des salariés. Que propose la CGT pour que les salariés puissent faire face à cette situation qui va s'aggraver dangereusement à l'approche de l'hiver avec l'explosion du prix de l'énergie ?
L’inflation profite à un très petit groupe de gens très riches qui détiennent les banques, les assurances et les entreprises du CAC 40. En dévalorisant le travail, elle ruine les salariés, les artisans, les commerçants et les petits agriculteurs. C’est donc l’immense majorité de la population qui est touchée.
Mais cette forte inflation percute plus particulièrement les commingeoises et les commingeois qui vivent dans une des zones les plus pauvres de France. La CGT refuse de laisser le Comminges se vider de ses salariés et mourir alors que les entreprises du CAC 40 récoltent 80 % des aides publiques.
Le but premier de notre mobilisation, c’est l’augmentation des salaires et des retraites. Mais nous revendiquons aussi des mesures d’urgence de baisse et de blocage des prix de l’énergie, des produits de consommation courante et des loyers.
Tout cela est possible et largement finançable, mais comme personne n’écoute les salariés, ils devront l’imposer par la grève.
Pour les commingeoises et les commingeois, rendez-vous à 10 heures à Luchon devant les Thermes. Pour tous les autres, manifestation à 14 heures à Toulouse.