Fermeture de classes à Luchon : le maire Éric Azémar écrit au recteur
C'est à l'occasion du Conseil départemental de l'éducation nationale qui s'est tenu en début de mois à Toulouse que l'on a appris que rectorat envisageait la suppression de deux postes d'enseignant en primaire à Luchon, pour la prochaine rentrée scolaire de septembre 2023.
En signe de protestation, les parents d'élèves et les élus se sont rassemblés devant l'école maternelle "Les Éterlous" et l'école primaire "Les Isards" et la conseil local de la FCPE a adressé un courrier à l'inspection d'académie (lire ici).
Le maire de Luchon, Eric Azémar, a écrit au recteur de l'Académie de Toulouse pour lui faire part du "vif mécontentement de la population" face à cette situation et "sa détermination à ne pas accepter une telle situation". (Je reviendrai sur cette réunion dans un prochain article).
Jeudi, lors de la réunion à la mairie avec l'inspecteur d'académie, Philippe Tissinier, Eric Azémar a lu à voix haute ce courrier. Quatre parents d'élèves des deux écoles de Luchon et un délégué FCPE ont pu assister à cette réunion, l'inspecteur d'Académie ayant donné son accord "à la dernière minute" m'indique l'un des participants.
Voici le courrier du maire de Luchon :
"... J'ai le regret de vous faire part du vif mécontentement de la population de Luchon suite au projet de suppression de postes d'enseignants à la rentrée prochaine. Sa détermination à ne pas accepter une telle situation mérite vraiment d'être prise en compte.
Cette mesure illustre la dégradation précipitée des services publics sur notre pays de Comminges. La suppression d'un poste d'enseignant en milieu rural n'a pas le même impact que dans la capitale régionale et à sa périphérie. La vie, en Haute-Garonne, n'est pas uniforme.
Notre communauté de communes (CCPHG) est durement affectée par cette situation. La Barousse (Hautes Pyrénées) voisine est aussi frappée par la même mesure à l'école primaire, par la dégradation du service public 'éducation. La cité scolaire de Luchon a déjà été sanctionnée par la suppression d'un poste de CPE, engageant la responsabilité de l'Etat devant un problème de sécurité ou d'encadrement éducatif insuffisant.
La difficulté de recrutement de personnel enseignant pèse davantage en milieu rural qui n'attire pas toujours le personnel le plus expérimenté et motivé.
L'essor économique de notre ville dans les toutes prochaines années, encouragée par l'Etat et les diverses collectivités nous rend optimiste quant à l'augmentation de la population. N'est-il pas raisonnable d'être patient et de suspendre une décision très impopulaire?
Luchon n'existe pas que par ses activités liées au tourisme et à ses dérivés. Au quotidien, les habitants de Luchon et de son pays - dont nos parents d'élèves - doivent faire face aux situations liées à l'emploi, au logement, à la santé, au transport, à la crise sanitaire et sociale, à l'éducation, à l'activité sportive et culturelle.
Le milieu rural a droit au même niveau de considération que le milieu urbain. L'intelligence humaine ne peut se contenter de la simple obéissance à un logiciel informatique, à une intelligence dite artificielle qui veut ignorer la REALITE DU TERRAIN Le bon sens mérite de prévaloir: les enseignants sont confrontés à des situations de plus en plus inattendues, complexes, délicates qui exigent une disponibilité autant humaine que professionnelle.
Monsieur le Recteur, mon expérience de bénévole à la Croix Rouge pour l'apprentissage des savoirs de base auprès de migrants ou de personnes en grande difficulté me rend d'autant plus sensible à la situation de Luchon en ma qualité de maire.
Au nom des miens, je vous demande solennellement de bien vouloir suspendre le projet de suppression de postes d'enseignants à Luchon..."