19 mars 1962 : il y a 61 ans, les accords d’Evian mettaient fin à 8 ans de guerre et 132 ans de colonisation en Algérie
Le maire d'Evian, Camille Blanc, a été assassiné par l'OAS simplement pour avoir accepté d’accueillir les pourparlers de paix dans sa ville (Photo © Paul Tian)
Il y a 61 ans, le 18 mars 1962, les Accords d’Evian étaient signés entre le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et le gouvernement français, mettant fin ainsi à 132 ans de colonisation française et près de huit ans de guerre.
Le lendemain, 19 Mars 1962, à midi, le cessez-le-feu conclu entre les deux parties entrait en vigueur conformément à l’article premier du document de 93 pages qui scellait ces accords de paix (lire ici).
Les discussions entre l'Etat français et les représentants des combattants algériens auront durée plus de deux ans avant que l'accord soit scellé entre les deux parties.
Un cessez-le-feu qui ne mettra pas fin immédiatement aux 92 mois d’horreur, de sang, de larmes et de destructions. Une guerre effroyable, aux multiples drames des deux côtés de la Méditerranée. Une guerre pudiquement nommée par la France "les évènements d'Algérie" qui aura causé la mort de centaines de milliers d'Algériens, de près de 30 000 soldats français, de plus de 100 000 harkis, et d'environ 6 000 civils européens...
L'Algérie deviendra indépendante le 5 juillet suivant, mais entre les accords d'Evian et la souveraineté chèrement obtenue par les Algériens, l'OAS (Organisation armée secrète), qui avait été créée par les ultras de l'Algérie française pour empêcher les négociations entre la France et le futur gouvernement algérien, pratiqua la politique de la terre brûlée et provoqua l'exode de près d'un million d'Européens...
Voici un court extrait du récit sur mon enfance au cours de la guerre d'Algérie dont la publication est prévue au second semestre 2023 et qui a pour titre "Sirocco et Pastèque" :
"Avec la politique de la terre brûlée des ultras d'extrême-droite de l’OAS, soutenus par une bonne partie des pieds-noirs, la guerre civile n’a jamais été aussi présente, en cette année 1962.
La terreur est présente au quotidien. Je ne vais plus à l’école pendant des semaines, ou par intermittence. On ne joue plus aussi souvent sur la place. Nous voilà reclus dans nos logements en attendant de jours meilleurs. On invite des copains à la maison. Et peu à peu, ils seront de moins en moins nombreux. Jusqu’à disparaître définitivement.
La peur se lit sur chaque visage d’enfants, d’adultes.
Le paradoxe, bien difficile à saisir pour nous, enfants, c’est que nos parents nous ont parlé de Paix et que cette période devient plus terrible que la Guerre.
Dans ce chaos général, mon père continue d’expliquer, à qui veut bien l'entendre, que les accords d’Évian sont la dernière solution pour que les Européens puissent coexister avec les Algériens, et non pas les dominer.
Comme dans la grande majorité des villes d’Algérie, ma ville devient la cible incessante d'attentats de l’OAS. La nuit, nous sommes réveillés par des explosions plus ou moins proches. Une nuit c’est dans notre immeuble. La bombe fait sauter notre porte d’entrée. Par chance, cette fois-ci, uniquement des dégâts matériels…
C’est dans les quartiers où vivent les Algériens que les attentats sont les plus spectaculaires, les plus meurtriers..."