Contre la violence, les maires réclament un "retour à la paix civile"
L'image est empreinte d'une certaine sérénité. Lundi 3 juillet, à midi, les maires et les citoyens se sont rassemblés sur le parvis des mairies, unis dans un même élan. Au son des sirènes, les élus ont démontré qu'ils ne se laissaient pas abattre face à la violence. Ils réclament ardemment un "retour à la paix civile" et se dressent telles des remparts de la République, faisant face à cette situation déplorable.
Comment en sommes-nous arrivés à une telle violence ?
La violence contre les élus a atteint des proportions démesurées, aveugles et stupides, une révolte qui ronge notre pays, six jours seulement après la mort de Nahel, à peine âgé de 17 ans et tué par un policier à Nanterre, pour un refus d'obtempérer.
La France est devenue difficile à regarder : dimanche matin, l'attaque perpétrée à l'aide d'une voiture-bélier contre le maire de L'Haÿ-les-Roses a servi de véritable électrochoc.
Rappelons les faits : un véhicule enflammé a été projeté en direction de la résidence privée de l'édile, Vincent Jeanbrun, qui était absent. Celui-ci dormait à la mairie. Son épouse et leurs deux enfants de 5 et 7 ans ont réussi à s'échapper par l'arrière de la maison. Les agresseurs ont alors pris pour cible la famille en tirant des mortiers. La femme du maire, également adjointe et conseillère municipale, a été blessée au tibia et a dû être opérée. Il est probable qu'elle ne puisse pas remarcher avant trois mois.
Comment en sommes-nous arrivés à une telle violence ?
La violence contre les élus est devenue disproportionnée, aveugle et stupide. Présente sur les lieux, Elisabeth Borne s'est insurgée contre ces "actes intolérables".
Ce mardi, Emmanuel Macron a reçu les maires de près de 250 communes "victimes d'actes répréhensibles".
Ces paroles véhémentes dissimulent mal l'impuissance de l'État.
Depuis des années, les élus expriment leur détresse dans le désert. Le 10 mai dernier, Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins, a remis son écharpe après avoir vu sa voiture et sa maison incendiées. Les agressions et les incivilités sont devenues leur quotidien. Depuis les dernières élections municipales en 2020, près de 1 300 maires ont démissionné. Une situation sans précédent.
Qui blâmer ? Une société en perte d'autorité ? Des citoyens de plus en plus tournés vers une consommation des biens publics ?
Sans aucun doute.
Mais l'État porte également une part de responsabilité : telle une entité omnipotente, il édicte toujours plus de normes tout en privant les élus des moyens financiers d'agir. En mai dernier, Elisabeth Borne annonçait un durcissement des sanctions pénales à l'encontre de ceux qui s'en prennent aux élus. Passant de 3 ans à 7 ans de prison. Depuis, on attend... La grande démission des maires ne fait que commencer.
Photo : Lundi 3 juillet 2023, rassemblement d'élus sur le parvis de la mairie de Luchon (DR)