Pyrénées : avec un réchauffement climatique de +3 °C, 98% des stations de ski pourraient fermer
Selon une étude scientifique publiée par la revue "Nature Climate Change", 98 % des domaines européens ne pourraient maintenir leur activité, si le réchauffement climatique atteignait +4 °C, et ce malgré l'enneigement artificiel.
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Cette étude parue récemment fait ressurgir les inquiétudes quant à l'avenir des stations de ski en Europe. Alors que le monde du ski prépare chaque saison ses pistes enneigées, la quasi-totalité des stations européennes est aujourd'hui menacée par la raréfaction de la neige, directement attribuable au réchauffement climatique.
Cette étude, fruit des travaux de scientifiques œuvrant notamment pour Météo-France et l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), brosse un tableau alarmant. Elle démontre qu'avec une élévation mondiale des températures de 3 °C, plus de 90 % des stations de ski sont exposées à un "risque très élevé" de pénurie de neige, mettant ainsi en danger leur viabilité.
Samuel Morin, chercheur chez Météo-France et coauteur de l'étude, précise que "le changement climatique à venir aggraverait les conditions d'enneigement dans toutes les régions montagneuses d'Europe, comparé aux dernières décennies".
Cependant, cette alerte ne signifie pas un arrêt soudain du tourisme hivernal en Europe, mais plutôt un défi grandissant pour toutes les stations. "Les conditions deviendront de plus en plus exigeantes", souligne-t-il avec lucidité.
L'étude souligne l'importance économique du ski dans les régions montagneuses. Le secteur emploie en effet des centaines de milliers de personnes et contribue significativement à l'économie locale. L'inquiétude grandit d'autant plus que l'Europe représente le plus gros marché du ski au monde, comptant plus de 2 200 stations. En France, où 120 000 emplois dépendent de l'industrie des sports d'hiver, la situation est particulièrement préoccupante.
L'artificialisation de l'enneigement ne constituerait qu'une solution partielle face à ce défi. En effet, plus de la moitié des stations (57 %) resteraient toujours en situation critique.
En France, si le réchauffement climatique atteint 3 °C, 93 % des stations alpines seraient en danger, ainsi que 98 % des stations pyrénéennes.
Alors que plus de 150 sites ont déjà dû fermer leurs portes en raison des conditions météorologiques défavorables, Samuel Morin insiste sur l'importance de la réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre. Cette mesure non seulement limiterait les risques de manque de neige pour le tourisme hivernal, mais réduirait également la nécessité de recourir à des systèmes de production de neige artificielle. L'étude montre que maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 °C permettrait de ne menacer que 4 % des stations alpines.
Face à ce constat, l'urgence de prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique et protéger le futur du tourisme hivernal est plus palpable que jamais.
On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas...