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07 Sep

Consommation : avec la "shrinkflation", moins devient plus cher

Publié par Paul Tian  - Catégories :  #consommation, #inflation, #grande distribution, #marque, #shrinkflation, #pratique trompeuse, #abus, #agroalimentaire, #politique, #économie

Consommation : avec la "shrinkflation", moins devient plus cher

Laissez-moi vous conter une histoire intrigante, celle du paquet géant de 62 couches Pampers Baby Dry, jadis proposé à 12,85 €, qui, subrepticement, s'est élevé à 16,13 €, tout en réduisant son contenu à seulement 58 couches. Une métamorphose tarifaire étonnante, synonyme d'une croissance vertigineuse de plus de 38 %. Ou encore, le bac de délice glacé au café Carte d'Or, qui, tout en perdant 107 grammes, a vu son prix s'envoler de 28,67 %, passant de 9,23 € à 11,87 €.

 

Lors de vos courses, vous n'avez peut-être pas encore perçu la subtilité de ces manœuvres. Pourtant, il est grand temps de lever le voile sur ce mystérieux concept que l'on nomme la "shrinkflation."

 

Cette stratégie, de plus en plus utilisée et pointée du doigt par les associations de consommateurs, est désignée par le terme baroque de "shrinkflation."

 

Cette appellation est un mariage de deux mots, "shrink" qui signifie rétrécir en anglais, et "inflation."

 

En somme, il s'agit d'une tactique marketing qui vise à dissimuler habilement l'augmentation des prix des produits en réduisant discrètement leurs contenances, tout en maintenant l'apparence de l'emballage, telle que la connaissait l'acheteur, avec un prix de vente qui peut rester inchangé ou même grimper davantage.

 

Notons que cette pratique demeure légale, sous réserve que la modification du poids du produit soit clairement spécifiée, ce qui, malheureusement, n'est pas toujours le cas.

 

Vous vous demandez peut-être quels sont les produits visés par cette manœuvre ?

 

"BFM-TV" a dressé une liste de produits où les industriels appliquent la "shrinkflation." Par exemple, un sac de croquettes Pedigree Vitalité adultes, au poulet ou au bœuf, est passé de 16,67 € à 24,90 €, tout en réduisant sa capacité (de 10 à 7 kg). Le prix au kilo atteint alors 3,56 €, contre 1,67 € précédemment, soit une augmentation fulgurante de... +113,17 %.

 

Ou encore, le paquet de chips Lay's nature, allégé de 50 grammes, pour un prix au kilo en hausse de 32 %. Tous les secteurs sont touchés par cette pratique, de l'alimentation à l'hygiène, des produits ménagers à la petite enfance.

 

La France insoumise (LFI) a déposé une proposition de loi à ce sujet le 31 août, considérant que cette pratique déloyale engendre au mieux une série de déceptions aussi inattendues que désagréables lorsque le consommateur en prend conscience. Au pire, elle aggrave les difficultés financières de millions de Français.

 

De son côté, le gouvernement, par le biais de plusieurs déclarations, a reconnu l'ampleur du problème.

 

La ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme, Olivia Grégoire, a déjà chargé le Conseil national de la consommation d'enquêter sur cette tendance.

 

Quant à Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, il a annoncé sa détermination à combattre "ces pratiques trompeuses et abusives," sans toutefois préciser de calendrier pour les étapes à venir. Il a rappelé l'obligation légale pour les industriels de signaler tout changement de contenu lorsque celui-ci diminue, tandis que le prix reste inchangé.

 

"S'il faut être plus pédagogique, il n'y aura pas de problème," a répondu Jean-Philippe André, de l'ANIA, la principale organisation des industriels de l'agroalimentaire.

 

Ben voyons !

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La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité (Albert Camus)