Algérie : le verdict dans l'affaire de l'artiste Djamel Bensmaïl, innocent et lynché par une foule haineuse
En août 2021, l'Algérie était le théâtre d'une série d'incendies criminels meurtriers qui ont profondément marqué la nation. Au total, ces sinistres ont entraîné la perte d'au moins 90 vies humaines et la dévastation de milliers d'hectares de terres. Ces actes criminels ont généré une vague d'émotion et de consternation au sein de la population algérienne, confrontée à cette tragédie sans précédent.
C'est dans ce contexte de crise que Djamel Bensmaïl, un artiste polyvalent de 38 ans, à la fois peintre et musicien, a entrepris un voyage depuis Miliana pour prêter main-forte à la communauté de Larbaâ Nath Irathen, située en Kabylie, dans sa lutte acharnée contre les flammes dévastatrices. Cependant, cet acte de générosité allait le précipiter vers un destin tragique.
Les soupçons des habitants se sont rapidement portés sur Djamel Bensmaïl, le désignant comme l'instigateur des incendies criminels, une accusation lourde de conséquences pour l'artiste.
Malgré son innocence, Djamel Bensmaïl a choisi de se rendre volontairement au commissariat de police pour clarifier sa situation. Cependant, son trajet vers le poste de police a été interrompu par une foule en colère, déterminée à administrer sa propre forme de justice.
Dans cette atmosphère chargée de tension, le peintre a été sauvagement agressé, poignardé, puis extirpé violemment du fourgon de police. Les policiers ont tenté en vain de le protéger, tandis que la victime s'efforçait désespérément de se disculper.
Le drame a pris une tournure encore plus tragique lorsque Djamel Bensmaïl a été lynché, puis brûlé vif. Horrifiante et choquante, toute la scène a été capturée par de nombreux témoins à l'aide de leurs téléphones portables, les images se répandant rapidement sur les réseaux sociaux. Certains individus ont même pris des selfies morbides à côté du corps carbonisé de la victime.
Le premier procès, qui s'est tenu en novembre 2022 au tribunal de Dar El Beïda, a abouti à la condamnation à la peine de mort de 49 personnes, tandis que dix accusés ont été condamnés à douze ans de prison ferme et 17 individus ont écopé de dix ans de prison assortis d'une amende de 100 000 dinars.
Les condamnés ont alors fait appel du jugement. Cette semaine, la Cour d'appel d'Alger a rendu son verdict, prononçant la peine capitale pour 38 individus.
Pour rappel, la peine de mort ayant été abolie en Algérie, ces condamnations ont été commuées en peines de réclusion à perpétuité. De plus, 29 personnes ont été condamnées à des peines de prison allant de trois à vingt ans, tandis que 27 individus ont été acquittés.