Mes lectures : "L'arrestation" de Dan Franck, une déception amère
Dans son dernier récit autobiographique, "L'arrestation," publié chez Grasset, Dan Franck plonge dans une rétrospective de sa jeunesse, une expérience empreinte d'ambiguïté. Son récit, ancré dans l'air du temps, exploite la notion de "victimisation" comme un chemin de rédemption. La dénonciation est également au cœur du récit, une pratique souvent adoptée par ceux qui, d'une manière ou d'une autre, se présentent comme victimes. Cependant, il est essentiel de noter que Dan Franck n'a jamais été un délateur, ce qui, selon lui, lui a coûté cher. Même si ces événements se sont déroulés il y a plusieurs décennies, il semble qu'il n'ait toujours pas fait la paix avec eux. Il nous livre donc son aventure avec une plume alerte, adoptant la posture de victime, une approche qui lui vaut l'indulgence bienveillante de la communauté médiatico-littéraire.
Selon ses explications, Dan Franck représente un exemple de ces jeunes issus de la classe moyenne, trop jeunes pour participer activement aux événements de Mai 68, mais qui ont ensuite cherché à compenser cela en fréquentant divers groupes gauchistes, parfois de manière excessive et marquée par la violence. La plupart de ces militants de salon se sont ensuite bien intégrés dans la société capitaliste sans que leurs actions post-adolescentes n'affectent leur carrière. Dan Franck a suivi cette voie, accumulant un impressionnant palmarès en tant qu'auteur, rédacteur pour d'autres auteurs, scénariste pour le cinéma et la télévision.
Cependant, il reste hanté par ce lointain souvenir qu'il essaie de partager et peut-être de réparer à travers "L'arrestation."
Il revient sur ses engagements lycéens avec insistance, soucieux de prouver sa sincérité de jeunesse, puis se concentre sur le cœur de l'histoire. Son amitié avec un homme charismatique et cynique qui se livrait à des braquages répétés, une réalité que Dan Franck, plus ou moins consciente, préférait nier. À travers cet ami, il a involontairement fréquenté des membres d'Action Directe, une étrange schizophrénie qu'il explique par sa nostalgie et son besoin d'autojustification.
Malheureusement, cette narration s'enfonce rapidement dans l'ambiguïté et devient rapidement lassante.
Le moment censé être le point culminant du récit concerne l'arrestation de Dan Franck par la brigade criminelle en 1983. Malgré les avertissements des policiers, qui semblent déjà bien informés de la situation, il s'obstine à dissimuler la vérité pour protéger son ami. Ses mensonges ne sont pas du goût du juge Bruguière, qui le renvoie immédiatement en prison. Cela offre à Dan Franck l'occasion de réfléchir sur ses véritables amis, notamment Ricka Zaraï, qu'il aide à écrire un best-seller pendant son incarcération, inspirant quelques pages mélodramatiques. Bien que Dan Franck reconnaisse sa responsabilité avec le recul, il ne présente pas sa période en prison comme un calvaire insupportable, ce qui peut sembler inapproprié.
À la fin de la lecture, on peut se demander si Dan Franck a réussi à guérir les blessures encore ouvertes de sa mémoire d'écrivain établi. Cependant, on est déçu de constater qu'il ne laisse pas une impression durable à ceux qui entreprennent de lire son livre. Le récit ne révèle rien de nouveau, que ce soit sur les années post-68, qui sont abordées principalement à travers sa propre expérience, ou sur les membres du groupe terroriste d'extrême-gauche Action Directe.
En fin de compte, il nous révèle un paradoxe déconcertant entre ce qu'il savait et ce qu'il prétendait ignorer, laissant le lecteur insatisfait. Nos attentes se tournent maintenant avec impatience vers le Dan Franck de la fiction, où il se distingue particulièrement...