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22 Nov

Sortie en salles de "Napoléon", le biopic de Ridley Scott : le "grognard commingeois" David Saforcada répond à mes questions

Publié par Paul Tian  - Catégories :  #Napoléon, #Bonaparte, #grognard, #biopic, #cinéma, #Ridley Scott, #interview, #David Saforcada, #Comminges, #L'Appel Au Peuple, #histoire, #empire, #politique, #France

Sortie en salles de "Napoléon", le biopic de Ridley Scott : le "grognard commingeois" David Saforcada répond à mes questions

À Paris, la légion d'honneur de Napoléon, emportée par l'empereur sur l'île de Sainte-Hélène, va être mise aux enchères. Un chapeau emblématique de Napoléon, le célèbre bicorne noir orné de sa cocarde bleu blanc rouge, a été vendu pour la somme de 1,932 million d'euros (frais inclus). Les hebdomadaires français ont également consacré des numéros spéciaux à l'Empereur. En ce mois de novembre, Napoléon est la véritable "super star", avec en plus la sortie de la super-production réalisée par Ridley Scott, à l'affiche, ce mercredi, au cinéma. Face à cette actualité napoléonienne j'ai souhaité poser quelques questions à un "grognard commingeois" particulier, David Saforcada, président du mouvement bonapartiste "L'Appel au peuple" au sujet du biopic de Ridley Scott.

Paul Tian : En tant que fervent défenseur de l’Empereur, comment accueillez-vous la sortie sur grand écran, ce mercredi, du biopic de Ridley Scott consacré à Napoléon ?

 

David Saforcada : Un film sur Napoléon est toujours un événement pour un napoléonien, mais il y a une limite à l’euphorie que peut procurer cette annonce. Cette limite a été vite atteinte, puis franchie, dès les premières informations et images ayant fuité sur internet. Un acteur trop "vieux" pour jouer Napoléon, une actrice trop "jeune" pour Joséphine, des scènes de batailles totalement incohérentes avec la réalité, et que dire de la présence de Bonaparte à l’exécution de Marie-Antoinette, ou bien du tir volontaire de l’artillerie sur la Grande Pyramide, et que dire du portrait peu flatteur de l’Empereur…

 

Je veux bien que ce soit de "l’art" et que cela laisse donc libre l’artiste dans son interprétation, mais tout de même. On peut faire ce que l’on veut avec un personnage fictif, comme par exemple dans "The Patriot" de Roland Emmerich, dans lequel Mel Gibson joue le rôle de Benjamin Martin, ou bien dans le célèbre "Les duélistes" du même Ridley Scott. Mais lorsqu’on veut représenter la vie d’un "géant" comme Napoléon, il faut savoir rester au plus près de la réalité. Les témoignages, les mémoires, ne manquent pas

 


 

Paul Tian : Face à cette médiatisation de Napoléon à travers le film de Ridley Scott, quelles sont vos impressions et sentiments ?

 

Gérard Saforcada : Toute médiatisation de Napoléon est bonne à prendre si elle est accompagnée d’un véritable "service après-vente" assuré par les historiens de la période, les groupes de reconstitution historique, et les diverses associations napoléoniennes. Dans de nombreux cinémas, la première du film est souvent accompagnée par une conférence, une exposition, une reconstitution, un débat, permettant ainsi d’apporter les bonnes explications, les bonnes rectifications, etc. J’espère simplement que ce film, tout comme la série avec Christian Clavier en son temps, incitera les Français à s’intéresser à Napoléon et peut-être à franchir le pas de la participation à la conservation de la mémoire de l’Empereur, ainsi que de tous ceux qui ont contribué à la gloire de la France à ses côtés

 

Paul Tian : La représentation de Napoléon dans ce film n’est pas particulièrement flatteuse. Comment réagissez-vous à cette vision moins glorieuse de Bonaparte ?

 

Gérard Saforcada : A quoi s’attendre de la part d’un Anglais (Scott) et d’un Américain (Phoenix) ? Plus sérieusement, si Napoléon n’est pas exempt de fautes tout au long de son règne, de Toulon à Sainte-Hélène, il a fait preuve de tout le contraire des tares dont l’affuble Scott.

 

Paul TianPensez-vous que ce film soit le reflet d’une tendance contemporaine privilégiant les anecdotes susceptibles de susciter un "buzz" plutôt que de se consacrer à une représentation fidèle de la réalité historique ?

 

Gérard Saforcada : Je pense tout d’abord que nous avons la preuve du peu de sérieux que les anglo-saxons accordent à leur étude de l’histoire française ; de nombreux exemples en témoignent. Mais oui, je vous le concède, aujourd’hui, il faut du "buzz", il faut "de la baston", quitte à raconter n’importe quoi du point de vue historique. Il est vrai que rares sont les films, qu'ils soient américains ou autres, à coller à la réalité, car ils s’adressent souvent à une niche ou touchent à l’intouchable de la conscience historique nationale, comme c'est le cas par exemple avec le "Gettysburg" de Ronald Maxwell.

 

Paul Tian : Parmi les nombreux films consacrés à Napoléon, lequel, selon vous, demeure le plus marquant et fidèle à la grandeur de l’Empereur ?

 

Gérard Saforcada : Je mentionnerai le "Napoléon" de Sacha Guitry, et si vous me le permettez, j'ajouterais "Austerlitz" d’Abel Gance avec Pierre Mondy dans le rôle de l’Empereur.

 

Paul Tian : Pensez-vous qu’il reste encore à réaliser le grand film historique épique sur Napoléon, et quelles attentes avez-vous à cet égard ?

 

Gérard Saforcada : Bien entendu, il reste encore un grand film à réaliser sur Napoléon, mais on peut aussi imaginer des films sur d’autres personnages de l’Empire. Rien que dans notre région, pourquoi ne pas rêver à des productions sur Murat, Lannes, voire même sur la vie du général Jean Pégot de Saint-Gaudens ?

Avec Napoléon et l’histoire du Ier Empire, il y a de quoi créer une "franchise" à la Marvel ou à la Star Wars. J’attends un réalisateur qui n’ait pas peur de s’affranchir de la repentance actuelle qui touche notre pays. J’attends un réalisateur qui saura consulter de véritables historiens de la période et dévorer une multitude d’ouvrages sur cette époque. Je pense aussi, mais cela n’engage que moi, qu’un film sur Napoléon ne peut que se concevoir en trilogie, collant à la chronologie de la jeunesse de Bonaparte à la mort de Napoléon à Sainte-Hélène. Il manque juste le réalisateur, le "Napoléon", et surtout la volonté. Malheureusement, en France, on préfère se flageller avec des films comme "Tirailleurs" ou se bidonner avec "Les Tuche"...

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La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité (Albert Camus)