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07 Mar

Ouverture de la pêche à la truite, problématique des cormorans... : le point avec Daniel Estrade, président de "La truite luchonnaise"

Publié par Paul Tian  - Catégories :  #pêche, #truite, #la truite luchonnaise, #AAPPMA, #cormoran, #pétition, #Daniel Estrade, #Luchon, #Pyrénées, #la pique, #loisirs, #nature, #environnement, #climat, #prédateur

(Photo illustration de Harshit Suryawanshi sur Unsplash)

(Photo illustration de Harshit Suryawanshi sur Unsplash)

L’assemblée générale des pêcheurs luchonnais a eu lieu lundi, à la Maison de la pêche de Luchon. Daniel Estrade, président de l’AAPPMA "La truite luchonnaise" répond à mes questions :

 

A quarante-huit heures de l’ouverture de la pêche de la truite quelle est l’ambiance ?

 

Nous avons eu la mauvaise surprise de voir débarquer dans le Luchonnais une cohorte de 50 cormorans qui a choisi pour dortoir les grands arbres bordant la Pique sur le secteur de Cier-de-Luchon, avec pour objectif de vider de leurs truites la Pique, le lac de Badech, et autres secteurs.

 

Cette espèce océanique n’a rien à faire dans nos contrées.

 

La présence de cormorans dans les Pyrénées est une aberration. Or, la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) en a décidé autrement et a fait pression sur le gouvernement pour interdire la régulation du cormoran. C'est regrettable quand on sait que cette invasion n’a rien de naturel si l’on s’en réfère à l’ouvrage "Le péril noir". Peut-on à la fois protéger une espèce et la réguler ? Il est toujours délicat de justifier de mettre à mort des individus dont l’espèce est protégée bien que cela soit réglementairement possible dans certains cas, voir l’exemple du loup.

 

Que les "nouveaux" prédateurs des poissons soient des oiseaux ou des mammifères, ne leur accorde pas pour autant un statut qui les placerait bien au-dessus des poissons dans une hiérarchie subjective du monde animal présente dans l’imaginaire collectif.

 

Les poissons et les écrevisses (quelle que soit l’espèce) ne seraient-ils que de la nourriture pour la "vraie" biodiversité ?

 

Selon moi, une truite de souche sauvage des cours d’eau luchonnais a la même valeur, en termes de sauvegarde ou de préservation, qu’un cormoran, un héron, une loutre, ou un vison d’Amérique.

 

À méditer !

 

À force de lancers journaliers de pétards, matin et soir, nos "artificiers" sont parvenus à faire déguerpir les intrus. Une action efficace, mais à effet provisoire et limité.

 

50 cormorans aujourd’hui, 100 l’an prochain ?

 

La régulation du cormoran doit se négocier à l’échelon national et européen. Il s’agit de ré-autoriser les tirs (encadrés) : 1.000 cormorans abattus en Haute-Garonne en 2022, c’était 75 tonnes de poissons épargnés ! Un mouvement de protestation est en marche. La FNPF (Fédération Nationale des Pêcheurs en France) et les pisciculteurs s’insurgent, des députés aussi, et les Fédérations du Tarn et Garonne et de l’Aude, notamment, ont entrepris des études sur l’impact de ces « nouveaux prédateurs » sur les populations piscicoles.

 

J’invite les pêcheurs à signer la pétition disponible sur le net pour la régulation du cormoran via ANPER-TOS (cliquer ici).

 

Pouvez-vous dresser un état des lieux de "La truite luchonnaise" ?

 

L’Atelier Pêche Nature des vallées de Luchon fonctionne à plein régime sous la houlette de son animateur, Pierre Bouvet, vice-président de notre AAPPMA.  L’année 2023 fut riche en émotions et apprentissages pour nos ados, qui ont fait l’ouverture au parcours animations du ruisseau d’Antignac (le seul désormais en Haute-Garonne !), puis découvert, lors de sorties mensuelles, les lacs de Mauléon-Barousse, Saléchan et Montréjeau. Moment fort de la saison, le week-end de juillet sur le site Espingo-Saoussat. A savoir : l’APN peut encore accueillir 2 enfants.

 

"Point Rouge", la brochure annuelle de l’AAPPMA, est désormais disponible et sera prochainement téléchargeable sur le site de la Fédération de Pêche de la Haute-Garonne. Il y est question des prédateurs, de la ressource en eau (si précieuse et si fragile) et de son gaspillage éhonté, de la chronologie des glaciers luchonnais et du fameux Desman des Pyrénées. Des sujets liés à notre "materia prima", l’Eau, mais qui dépassent le cadre strict de la pêche.

 

Quels sont les prochains rendez-vous ?

 

Nous accueillerons le public le 14 août au lac des Quinconces à l’occasion de l’animation "Je capture ma première truite !", une animation encadrée par les agents techniques la Fédération du 31 et les membres de notre APN, et le 8 septembre lors du Forum des associations qui se tiendra sur l’esplanade du Casino.

 

Les pêcheurs pourront prochainement consulter notre page AAPPMA sur le site de l’Office de Tourisme Intercommunal (OTI).

 

Je profite de l'occasion pour lancer une dernière annonce à l’attention des amateurs de pêche en lacs d’altitude à laquelle sont attachés de nombreux pyrénéens, sans oublier les touristes : en juillet 2024, les Boums de Vénasque, les lacs de la vallée du Lys et de la vallée d’Oô, dont Espingo, seront alevinés par héliportage. Pas d’alevinage du Saoussat en regard de la forte activité de reproduction observée sur son ruisseau principal lors de l’inventaire de novembre 2021. 

 

Comment s'annonce la prochaine saison ?

 

Actuellement, le manteau neigeux est faible et poreux. Le succès de la saison de pêche 2024 dépendra évidemment du débit des cours d’eau. Les précipitations printanières et estivales pourront-elles inverser la courbe, comme ce fut le cas en 2023 ? Nous le souhaitons. Je pense aux précipitations salvatrices de juin qui permirent de remplir nos lacs d’altitude et d’abreuver épisodiquement nos rivières.

 

Malgré des conditions météo chaotiques, la saison de pêche 2023 fut excellente tous secteurs confondus. En témoignent les comptes rendus qui me sont parvenus, concernant la Pique, l’Ône, et nos moyens cours d’eau.

 

Pourquoi devrait-il en être autrement en 2024 ?

 

Il est vrai que nous sommes devenus les témoins impuissants des premiers signes affirmés du changement climatique dans nos contrées, et que tout est envisageable, crues et périodes de sécheresse...

Vente des cartes de pêche

Les permanences pour la vente des cartes de pêche se tiennent à la Maison de la Pêche jusqu’à ce vendredi 8 mars de 10 h à 12 h et de 16 h 30 à 18 h 30. Ensuite, en saison, les pêcheurs sont invités à se tourner vers Intermarché-Moustajon ou l’OTI (allée d’Etigny).

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La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité (Albert Camus)