Ouverture de la pêche au lac d'Oô. Daniel Estrade, président de l’AAPPMA de Luchon répond à mes questions
Pour les pêcheurs fidèles du lac d’Oô, le samedi 4 mai était une date cruciale. Daniel Estrade, président de l’AAPPMA de Luchon, nous livre ses impressions et tire le bilan de cette journée d’ouverture.
Quelles étaient les conditions lors de cette ouverture ?
L’accès au lac était aisé, sous un soleil radieux, bien que peu favorable à la pêche en lac. Le niveau d'eau était bas, à moins de 10 mètres sous le barrage, une situation similaire à celle de l'ouverture de l'année précédente. Selon les informations d'EDF, cette variation est normale : le lac se remplit naturellement au fil des jours et devrait atteindre son niveau optimal d'ici la fin du printemps.
Quels constats avez-vous faits ?
Nous avons compté la présence de 61 pêcheurs sur le site, soumis à des contrôles assurés par 4 gendarmes, 2 agents de l’OFB et nos gardes bénévoles, François Laborde et Christian Borau. Aucune infraction n'a été relevée. Certains pêcheurs ont salué la présence des gardes et ont exprimé leur reconnaissance envers l’AAPPMA pour sa politique d’alevinage du lac. Cependant, quelques-uns ont souligné le manque de vigilance face à certains tricheurs qui semblent ignorer les dates d'ouverture en lacs d’altitude, notamment lors de récentes observations de randonneurs se dirigeant vers Espingo avec du matériel de pêche, avant la date officielle d’ouverture.
Combien de poissons ont été capturés ?
Au total, 51 poissons ont été capturés, principalement au vairon. À noter quelques paniers remarquables, notamment des prises de 6 à 7 truites mesurant entre 35 et 45 cm pour les plus chanceux, ainsi que 12 truites pour un père et ses 2 fils, sur le secteur de la cascade.
Des remarques sur cette ouverture ?
Il est à noter la présence de truites Arc En Ciel de taille respectable (entre 30 et 40 cm), résultant de l’introduction de 30 000 truitelles dans le lac en juillet 2021. Les observations ont révélé que les femelles portaient des œufs matures et que les mâles étaient en période de reproduction, un phénomène habituel pour les truites Arc En Ciel en mai. Cependant, le manque de zones de frayères dans le lac d’Oô, hormis sur le secteur de la cascade, rend cet apport naturel insuffisant pour assurer la pérennité des populations de truites Arc En Ciel. Ainsi, plusieurs milliers d’alevins d’Arc En Ciel seront introduits en juillet prochain, lors des opérations d’alevinage par héliportage des lacs du Vénasque, de la vallée du Lys et du Larboust, à l'exception de Saoussat en raison de l’activité de reproduction observée sur son ruisseau principal lors de l’inventaire de novembre 2021.
Avez-vous des craintes pour l'avenir de la pêche en lac de montagne ?
Au congrès 2023 de la FNPF, Norbert Delphin, Président de la Fédération de pêche du 31, a exprimé ses inquiétudes à Mme Bérangère Couillard, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique, en présence des présidents des Fédérations du massif pyrénéen. Il a alerté sur les revendications écologistes visant à interdire l’alevinage des lacs de montagne, soulignant les conséquences néfastes sur le tourisme et les relations avec les populations locales, qui sont à l'origine des introductions de salmonidés. La pêche en lac de montagne est une pratique ancrée dans les traditions locales et touristiques, participant à la vie des montagnes. Sans alevinage, cette tradition serait compromise. Il est crucial de maintenir un équilibre entre les usages humains et la préservation de la biodiversité.
En conclusion ?
La question de l'alevinage des lacs de montagne illustre deux visions opposées : celle d’une nature préservée de toute intervention humaine, et celle d’une nature dans laquelle l’homme conserve sa place, avec des pratiques encadrées et respectueuses de l'écosystème. Nous encourageons les pêcheurs à s'engager davantage, à participer aux assemblées générales des AAPPMA, et à soutenir activement les actions de préservation de cette pratique qui fait partie intégrante de l'identité des Pyrénées.