Législatives Comminges-Savès : mes questions à Céline Laurenties, candidate "Horizons"
Dans la 8e circonscription de la Haute-Garonne, celle du Comminges-Savès, huit candidats sont en lice ce dimanche pour le premier tour des élections législatives, suite à la dissolution soudaine de l'Assemblée nationale par le président de la République Emmanuel Macron après les résultats des élections européennes du 9 juin dernier et la victoire de l'extrême-droite en France. J'ai choisi de donner la parole à trois d'entre eux sur mon blog. Après Wilfried Serre ("Résistons !") (lire ici), voici mes questions à Céline Laurenties, candidate "Horizons", du parti d'Edouard Philippe.
Paul Tian : Céline Laurenties, vous êtes candidate pour "Horizons" et donc de la majorité présidentielle dans la 8e circonscription du Comminges-Savès. Avez-vous hésité à vous lancer dans la bataille électorale après l'annonce surprise de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République ?
Céline Larenties : J’ai été, comme tout le monde je pense, surprise par cette décision. Et très rapidement après cette annonce, mon téléphone s’est mis à sonner. Beaucoup. Au bout du fil, des responsables politiques nationaux et locaux. Mais aussi des maires de la 8e circonscription et de nombreux amis. Une bonne moitié de ces personnes me demandaient de me présenter et parmi eux, certains ajoutant qu’étant donné le contexte, ils comprendraient que je ne le fasse pas. La seconde moitié, vous l’imaginez bien, soucieuse de me protéger, me conseillait purement et simplement de "ne pas y aller".
J’ai donc pris le temps de la réflexion. Et quand j’ai vu les alliances qui étaient en train de se mettre en place, à l’extrême droite autant qu’à l’extrême gauche, j’ai pensé à tous ceux qui, de la gauche modérée à la droite républicaine, n’y trouveraient pas leur compte et un candidat qui leur convienne sur la 8e circonscription. Moi, la première !
Voilà, cela a été l’élément déclencheur : me présenter pour représenter, et rassembler je l’espère, les modérés et les Républicains qui ne peuvent se résoudre à voir notre pays n’avoir plus le choix qu’entre deux extrêmes. Michel Montsarrat qui a choisi de m’accompagner comme suppléant partage cette même motivation.
Paul Tian : Vous vous présentez dans une circonscription, qui comme en Haute-Garonne, mais aussi dans le reste du pays a placé le candidat du Rassemblement national en tête et où le député sortant, Joël Aviragnet, se présente sous l'étiquette "Nouveau Front Populaire", contrairement aux dernières élections législatives en 2022 où il avait refusé de porter le "label" NUPES.
Céline Laurenties : Oui. Vous avez bien résumé la situation, Paul. Sur les résultats des Européennes, ils sont ce qu’ils sont. On ne les changera pas et la colère a, une nouvelle fois j’ai envie de dire, parlé. Cette colère était déjà présente en Comminges et Savès lors des derniers scrutins, elle s’est amplifiée.
Quant à la stratégie politicienne de Monsieur Aviragnet, qui, en tant que député sortant, doit lui aussi avoir une part de responsabilité dans cette colère, il faudrait lui poser directement la question. Il ne voulait pas de l’étiquette de la Nupes 1, il est bien content d’avoir celle de la Nupes 2. Pourtant, depuis deux ans, les députés Insoumis, aussi bien par leur comportement au sein de l’Assemblée nationale que par leurs prises de position concernant la guerre en Ukraine, les terroristes du Hamas, les actes d’antisémitisme présents dans notre pays ont donné une bien triste image. Joël Aviragnet le sait bien, il est assis à côté d’eux dans l’hémicycle.
Dans cette alliance du déshonneur, contraire à bien des égards aux valeurs de la République, les Insoumis se taillent encore la plus belle part du gâteau pour ce qui est du nombre de circonscriptions. Au passage, Monsieur Mélenchon en a profité pour purger son parti des élus qui, en interne, osaient le critiquer. Et donc avec la Nupes 2 de Monsieur Aviragnet, c’est ce genre de démocrate, ce Jean-Luc Mélenchon-là, qui peut se retrouver à Matignon ! Le Parti socialiste a-t-il perdu la tête ? On ne combat pas l’extrême droite en s’alliant à l’extrême gauche.
Paul Tian : Pensez-vous que l'élection ne va pas se jouer entre le RN et le NFP dans cette circonscription ?
Céline Laurenties : Notre candidature avec Michel Montsarrat est là pour éviter ce scénario catastrophe.
Paul Tian : Que pouvez-vous apporter de concret au Comminges-Savès, un territoire où les habitants se sentent "abandonnés" par l'Etat ?
Depuis que la 8e circonscription existe, elle n’a jamais connu que des députés socialistes ! Ses habitants se sentent abandonnés par l’État ? Mais qu’ont donc fait leurs députés durant toutes ces années ? Ont-ils frappé aux bonnes portes à Paris ? Dans les ministères ? Dans les administrations ? Ont-ils seulement témoigné de la réalité du quotidien des Commingeois et des Savésiens dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale et influé sur les textes de loi pour défendre nos spécificités ?
Concrètement, il y a mille choses à faire que les députés socialistes de la 8e circonscription n’ont pas faites durant près 40 ans. Il y a deux ans, lors des dernières élections législatives, vous m’aviez posé la même question et je vous avais fourni toute une série d’actions. Cette fois-ci, je vais vous répondre en une phrase : je suis la candidate du renouvellement et de l’alternance pour le Comminges et le Saves. Ça, c’est concret.
Paul Tian : Quel est votre sentiment devant cette "fracture" électorale que connaît la France ?
Céline Laurenties : Plus que la fracture électorale, c’est la fracture territoriale mise en évidence par le géographe Christophe Guilluy il y a plus de 20 ans, et qui n’a depuis cessé de s’aggraver, qui me préoccupe. Une grande partie des raisons qui m’ont donné envie de m’engager en politique vient de là. De ce refus d’une France à deux vitesses, celle des centre-villes des métropoles qui vit bien et celle du périurbain et du rural qui tire la langue et se sent invisibilisée. La fracture électorale en est une conséquence.
Paul Tian : Pouvez-vous vous présenter à mes lectrices et lecteurs ?
Céline Laurenties-Barrere. J’ai 50 ans. Je suis Conseillère départementale du canton de Saint-Gaudens depuis 2015 et Maire de Péguilhan-Lunax depuis 2020. Sur le plan professionnel, j’ai longtemps été directrice générale (DGS) de la mairie de Boulogne-sur-Gesse. Depuis fin 2014, je suis collaboratrice parlementaire du Sénateur Pierre Médevielle. Je suis membre du parti "Horizons" créé par Édouard Philippe.