Législatives Comminges-Savès : mes questions à Joël Aviragnet, député socialiste sortant, candidat du "Nouveau Front Populaire"
Dans la 8e circonscription de la Haute-Garonne, celle du Comminges-Savès, huit candidats sont en lice ce dimanche pour le premier tour des élections législatives, suite à la dissolution soudaine de l'Assemblée nationale par le président de la République Emmanuel Macron après les résultats des élections européennes du 9 juin dernier et la victoire de l'extrême-droite en France. J'ai choisi de donner la parole à trois d'entre eux sur mon blog. Après Wilfried Serre ("Résistons !") (lire ici), et Céline Laurenties, ("Horizons") (lire ici), voici mes questions à Joël Aviragnet, député socialiste sortant et candidat du "Nouveau Front Populaire".
Paul Tian : Vous revoilà sur le terrain pour cette nouvelle campagne des législatives. J'imagine que vous ne vous attendiez pas à une dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République aussi soudaine ?
Joël Aviragnet : Non et je suis très en colère. Pendant 7 ans, le Président de la République n'a eu de cesse de fracturer la société. Il a méprisé les institutions, les syndicats, les maires et le peuple . Il n'a pas tenu compte des citoyens de gauche et républicains qui ont voté pour lui par deux fois face à l'extrême droite, en menant des réformes profondément injustes. Il a installé une colère grandissante, multipliant les crises en favorisant les plus riches et en affaiblissant ceux que la vie malmène. La dissolution est une possibilité de la Constitution pour régler une crise politique, le président s'en est servi pour en fabriquer une avec des délais incroyablement courts ! Il a installé par tactique politique un duel mortifère avec l'extrême droite. Il a voulu écrouler les deux tours républicaines de la droite et de la gauche qui rythmaient la vie politique de notre pays, maintenant, il est sous les décombres de ce qu'il a créé. La majorité présidentielle est en sursis, elle n'existe déjà plus. Ce sera l'extrême droite ou nous. Le peuple a le droit à l'espoir et c'est par la gauche et les écologistes unis : le Nouveau Front Populaire.
Paul Tian : Le Comminges-Savès a placé l'extrême droite en tête des votes au soir des élections européennes (comme dans la grande majorité des communes françaises). Comment analysez-vous ce vote extrémiste?
Joël Aviragnet : Les territoires ruraux souffrent par la disparition des services publics, et un mépris sur leurs modes de vie et ont fait entendre une colère légitime. Ce sentiment d'abandon existe et c'est malheureusement généralisé et traduit dans tous les territoires ruraux et de montagne de France par un vote d'extrême droite. Il est le résultat d'une politique élitiste d'Emmanuel Macron, oubliant les territoires ruraux et privilégiant les beaux quartiers.
Le RN est le contraire de l'alternance tranquille que ses dirigeants prétendent aujourd'hui vouloir préparer. L'imposture est totale.
Au pouvoir, le RN appliquera son programme de division et de haine avec la réécriture de l’Histoire dans nos manuels scolaires, la dislocation de notre pacte républicain à l’école, dans les hôpitaux, la fin de la lutte contre le réchauffement climatique, le recul des droits des femmes notamment sur l’IVG ou encore un programme économique totalement irresponsable pour nos entreprises et nos salariés.
A l'Assemblée, j'ai vu leurs votes contre l’augmentation du Smic, contre le gel des loyers, contre le repas au Crous à 1 euro, contre l'installation obligatoire des médecins...
Paul Tian : Vous êtes candidat du Nouveau Front Populaire pour le 30 juin. Une alliance qui comprend La France Insoumise, un parti que vous aviez d'une certaine façon rejeté lors des dernières législatives, en 2022.
Joël Aviragnet : 2024 n'est pas 2022. Je ne suis ni Mélenchoniste, ni Macroniste. Avec les autres partis de gauche, nous sommes dans une unité d'action pour changer la vie. Nous nous trouvons confrontés à un moment de bascule de l'histoire. Cette unité rassemble et il est impératif que la gauche et les écologistes proposent un nouvel espoir pour le peuple de France. Le Nouveau Front Populaire a été bâti très largement sur la ligne socialiste et de Raphaël Glucksmann, contrairement à la NUPES, qui était une hégémonie de la frange Insoumise et que j'avais refusée. Jean-Luc Mélenchon ne sera pas premier ministre, il est disqualifié.
L'urgence républicaine est là, on agit en responsabilité et en collectif !
Paul Tian : Quelles sont les propositions fortes pour le Comminges-Savès que vous entendez défendre dans la prochaine législature, si vous êtes réélu ?
Joël Aviragnet : Je veux continuer mon action en faveur du pouvoir d’achat. Je veux continuer à me battre pour que les territoires ruraux conservent leurs services publics de proximité. Je veux continuer à porter un projet de justice sociale, qui lutte contre la précarité, contre les inégalités sociales, contre le déclassement de nos territoires ruraux. Un projet qui œuvre au quotidien pour une république des territoires, pour la transition écologique, pour la régénération démocratique.
Demain, je resterai un député accessible, disponible et déterminé pour continuer à valoriser notre territoire. Je serai particulièrement vigilant sur les sujets majeurs: l’éducation, la santé, l’emploi, l'agriculture, l’environnement, la sécurité.
Nous abrogerons la réforme des retraites, revaloriseront le Smic et l'allocation adulte handicapés, dès les premières semaines.
Paul Tian : Pouvez-vous nous parler de votre bilan en tant que député du Comminges-Saves ?
Joël Aviragnet : Mon action politique est marquée par mes valeurs socialistes et humanistes. Depuis 2017, je me suis battu pour que notre territoire soit écouté et respecté. Nationalement, j'ai lutté contre une politique injuste. Notre pays est encore marqué par les choix d'Edouard Philippe, aujourd'hui "Horizons" qui a augmenté la CSG, baissé les APL, supprimé l'ISF et veut toujours la retraite à 67 ans. Les autres gouvernements ont aussi fracturé notre société avec, entre autre, l'inacceptable réforme des retraites ou encore les réformes de l'assurance chômage. Les Commingeois et les Savèsiens ont toujours besoin d'un Député de gauche qui rassemble, pour les défendre et les représenter.
Bien sûr, grâce à ma relation privilégiée avec Carole Delga, en partenariat avec les acteurs du territoire, de nombreux sujets ont vu un dénouement positif comme le site unique de l’hôpital, les maisons de santé pluridisciplinaires, la réouverture de la ligne ferroviaire Montréjeau-Luchon avec le train à hydrogène, la maison de la région à Saint-Gaudens, le lycée de Cazères.
Je suis pour un maintien et un renforcement des services publics dans les territoires ruraux et dans le Comminges. Comme député, je n’ai cessé de me battre pour nos services publics.Concernant la sécurité et la justice, nous avons obtenu le renforcement du commissariat de Saint-Gaudens. J’ai organisé avec les citoyens, les associations et les élus locaux, une grande mobilisation pour demander la création d’un poste de juges pour enfants au tribunal de Saint-Gaudens. J'ai travaillé avec la communauté éducative pour obtenir de nouvelles options dans les lycées et éviter les suppressions.
J’ai conscience de la gravité de la désertification médicale dans le Comminges : 25% des citoyens n’ont plus de médecins traitants. Cette situation n’est pas acceptable. Je dépose chaque année depuis 7 ans un amendement pour obliger les jeunes médecins à s’engager au début de leurs études à s’installer cinq ans dans les zones de désert médical. Ces deux dernières années, le sujet infuse à l'Assemblée, avec le groupe de travail transpartisan, mais que de temps perdu... Pour répondre à l’urgence, j'appuie la création des maisons et des centres de santé par les intercommunalités et le recrutement par la région de médecins.
(Photo Facebook : Joël Aviragnet, député sortant avec son suppléant, Loïc Gojard)