Législatives Comminges-Savès : mes questions à Wilfried Serre, candidat "Résistons" (Jean Lassalle)
Dans la 8e circonscription de la Haute-Garonne, celle du Comminges-Savès, huit candidats sont en lice ce dimanche pour le premier tour des élections législatives, suite à la dissolution soudaine de l'Assemblée nationale par le président de la République Emmanuel Macron après les résultats des élections européennes du 9 juin dernier et la victoire de l'extrême-droite en France. J'ai choisi de donner la parole à trois d'entre eux sur mon blog. Voici ci-après mon entretien avec Wilfried Serre, candidat du parti "Résistons !" de Jean Lassalle.
Paul Tian : Vous revoilà candidat en Comminges-Savès pour les prochaines législatives. Comme la très grande majorité des Français vous ne vous attendiez pas à repartir en campagne deux ans après ?
Wilfried Serre : Ce n’est pas tout à fait exact. En réalité, Jean Lassalle en décembre nous avait avertis du projet d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée courant 2024 et que c’était certainement suite à la potentielle défaite de sa majorité, ne pouvant plus gouverner, finir par démissionner avant la fin de son mandat. Cela lui permettrait ensuite de se représenter en sauveur de la démocratie pour un autre mandat présidentiel. De la fiction ? Je l’espère mais je n’en suis pas certain... Pourquoi se tirer une balle dans le pied ?
Par contre, j'ai été surpris comme tout le monde par une dissolution prononcée le soir des élections européennes ; nous pensions qu’Emmanuel Macron attendrait la rentrée de septembre. Ce qui m’inquiète, c’est que tout le monde est parti en courant, RN et ce néo Front Populaire qui a mal relu son Histoire du XXe siècle, jouant déjà, il me semble, la partition imaginée par un président qui n’en est pas à son premier hold-up.
Si je m’étais présenté en 2022 dans la 8ème circonscription, ce n’était pas pour surfer sur les résultats de Jean Lassalle à la présidentielle. Je ne fais pas de calcul. C’est bien parce que j’aime ce coin de France où nous avons créé du lien. Il était important pour moi de continuer ce chemin, il n’était pas question alors que je me défausse même si je dois concilier pendant deux semaines campagne électorale éclair et mon activité professionnelle.
Paul Tian : Comment analysez-vous le vote des Européennes ?
Wilfried Serre : Les élections européennes ont en France ressemblé à celles de 2019, servant d’abord à manifester un refus vis-à-vis de la majorité présidentielle. Mais a-t-on vraiment parlé d’Europe ? Les résultats au niveau de tous les États montrent que, malgré une poussée de vote contestataire d’extrême droite, la même majorité au Parlement Européen continuera à gouverner notre Union. Il me semble que le refus d’une Europe technocratique n’a pas été entendu.
Paul Tian : Je reviens sur cette dissolution inattendue de l'Assemblée nationale...
Wilfried Serre : Comme je le disais, oui mais pas si tôt. Ce moment choisi par Emmanuel Macron n’a aucun sens politique mais par contre a pour moi un sens tactique, de la pure stratégie "startup" de faire un grand coup. Peut-être que le président s’imagine en Bonaparte ? Je ne veux pas être associé à ces manigances, pour moi le Peuple doit reprendre le pouvoir. Pour moi aucun des trois blocs qui vont encore se partager la grosse majorité des bancs de l’Assemblée Nationale n’est dans cette dynamique.
Paul Tian : La 8e circonscription a voté majoritairement pour le candidat du RN, mais votre candidat Jean Lassalle a fait de bons scores dans certaines communes. J'imagine que c'est une satisfaction pour vous ?
Wilfried Serre : Les résultats de Jean Lassalle aux présidentielles et aux Européennes, les 3,25% des voix que j’ai obtenus en 2022 m’invitent à ne pas baisser les bras et à offrir un vote alternatif à des citoyennes et citoyens qui voudraient être mieux représentés à l’Assemblée Nationale.
Qui va parler des déserts médicaux, de la fermeture des services publics aux quatre coins de la circonscription, du manque d’offres d’emploi, des entreprises n’étant pas soutenues, de l’abandon du monde agricole qui doit produire "propre" sans soutien de la communauté nationale ?
Les Françaises et les Français ne croient plus dans la majorité, se méfient de la gauche et minimisent le danger de l’extrême-droite. Ma candidature est une réponse. Je serai un élu non-aligné à l'Assemblée Nationale, profondément attaché aux valeurs humanistes et républicaines.
Paul Tian : Comment voyez-vous la situation du Comminges-Savès à quelques jours du premier tour des élections législatives ?
Wilfried Serre : Après deux ans de la nouvelle mandature législative, je retrouve un Comminges-Savès où rien n'a changé, sauf que les habitants sont de plus en plus désabusés et en rupture. A écouter les gens, le député sortant ne s’est pas fait entendre à l’Assemblée ni n’a défendu de tout son poids les territoires ruraux. Or il y a urgence. C’est dommage, face à la financiarisation à tout va et aux relents xénophobes, la gauche n’est plus crédible. Il faut revenir au bon sens.
Paul Tian : Quelles sont vos propositions pour le territoire ?
Wilfried Serre : Soyons honnêtes : un député n’est pas élu pour avoir des projets pour le territoire qui l’a élu mais le député doit porter des projets pour l’ensemble des territoires de la République, de Métropole et d’Outre-mer. Bien sûr, je serai à l’écoute des habitants de la circonscription et leurs difficultés seront portées à l’Assemblée Nationale comme exemple pour tout le pays.
Ma priorité sera la recréation d’un tissu de services publics sur tout le Territoire, d’abord la Santé, ensuite l'Éducation, puis ensuite les autres services comme la Sécurité Sociale, la Poste, les gares et les services de transports en commun, l’accès à des agences de télécommunications (combien se sentent abandonnés seuls devant un mobile qui ne fonctionne plus ?). Ensuite vient l’aide au monde agricole qui n’a pas été réellement entendu jusqu’à présent.
J’insisterai pour redonner une ossature à l’Etat, et ceci pour que ce dernier assure à nouveau pleinement ses fonctions régaliennes, la sécurité intérieure (police et justice) et la sécurité extérieure (armée) pour le compte du Peuple Français. Enfin, je voterai pour que l’Etat aide financièrement la création et le maintien en France de nos entreprises surtout en milieu rural, il y a de la place. Pour lutter contre la hausse des prix, je proposerai la baisse des marges des grandes surfaces et de l‘e-commerce ainsi que la fin de leurs pratiques qui étouffent de nombreux producteurs nationaux. Revenir aux prix justes pour producteurs, distributeurs et consommateurs. La baisse de la TVA est une autre possibilité juste pour tous. Ce n’est pas normal que cela soit moins cher de faire ses courses en Val d’Aran.
Enfin, j’aurai à cœur de porter une politique du handicap qui permette à chaque personne en situation de handicap de vivre décemment, d’être accompagnée en fonction de son handicap et de trouver une place dans notre société. Un gros travail est nécessaire dans l’organisation des IME (Institut médico-éducatif) et dans l’accueil des enfants en situation de handicap dans les classes d’école. C’est quand même plus intelligent que de ne proposer que d’augmenter une allocation.
Paul Tian : Pouvez-vous vous présenter à mes lecteurs ainsi que votre suppléant ?
Wilfried Serre : J’ai 52 ans, je fais un boulot passionnant dans une belle entreprise toulousaine. Je travaille souvent de Garin, près de Luchon. Dès que je peux je suis dans le Larboust. De mes études en géographie, j’ai pris goût aux questions d’aménagement du territoire. En 2006, j’ai voulu donner de mon temps pour les autres en m’engageant en politique. J’ai découvert un monde politique pourri avec quelques belles figures. En 2016, j’ai rencontré Jean Lassalle et j’ai décidé de l’aider à porter un autre visage de la politique. Nous avons fondé ensemble Résistons ! Pour moi, il était évident que je ne pouvais me présenter qu’en Comminges.
J’ai rencontré Jean-Paul Thibaut pendant la campagne de Jean Lassalle en 2022. Nous partageons une même vision. Jean-Paul est natif de Montberaud, près de Cazères. Il a 64 ans. Retraité, il a été cadre en ingénierie mécanique dans une grande entreprise toulousaine, avant de créer son bureau d’études d’outillages aéronautiques. Son père était agriculteur et Jean-Paul était sur l’autoroute A64 à Cazères avec les agriculteurs qui ont, comme avant les camionneurs, le personnel des hôpitaux, les restaurateurs ou les gilets jaunes, ont voulu alerter l’État, les élus et nous tous de leur situation.