Du côté de chez Jachri : "Nature humaine" de Serge Joncour
Dès le début de ce roman, on est happé par une atmosphère de fin du monde, ou plutôt d’UN monde, celui des paysans, certes, mais de toute l’humanité. Entre 1976 et 1999, tant de choses changent ! Le téléphone avec ses piquets trempés dans l’arsenic, le minitel, les centrales nucléaires, le réchauffement climatique, les autoroutes qui abiment les paysages, la désertification rurale, mais aussi les engrais, pesticides, nourritures animales pour le bétail, vache folle etc, c’est vertigineux !
Serge Joncour nous rappelle tout cela, en alternant les périodes, et en décrivant les rébellions, comme pot-de-terre contre pot-de-fer. Pour ceux qui ont vécu tous ces changements, comme "progrès" annoncé, c’est un abime profond, et une mélancolie qui saisit le lecteur.
Dans le Lot, Alexandre reprend l’entreprise familiale de vaches à viande, tandis que ses trois soeurs vont faire des études, en ville, à Toulouse ou à Paris et c’est alors qu’il rencontre des activistes qui ne veulent pas de Golfech et surtout l’allemande de l’est, Constanze, pour les beaux yeux de laquelle il va se compromettre en leur donnant ces engrais qui peuvent devenir de redoutables explosifs, comme à AZF ou Beyrouth.
Alexandre est confronté à l’évolution du métier de paysan et il aura bien des difficultés à trancher.
Ce roman est superbe. On le lit souvent les dents serrés, avec cette sensation que ce monde avance cul par dessus tête, depuis un bon moment !
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