Théâtre de Luchon : l'Orchestre de Chambre de Toulouse et les Zacoustick en concert ce vendredi
Vendredi, alors que les vacances scolaires de Noël débutent, Luchon va vivre un certain "bouillonnement" avec la mise en service officielle du tant attendu nouvel ascenseur valléen, "La Crémaillère Express", en présence du président du Conseil Départemental de la Haute-Garonne, Sébastien Vincini (lire ici). Dans la soirée, l'actualité se déroulera du côté du majestueux théâtre Napoléon III de la cité thermale avec le "double" concert donné par l'Orchestre de Chambre de Toulouse et les Zacoustick. Pour en savoir plus sur cette soirée, j'ai posé mes questions à Patrice Bégué, chargé de production de l'association PPProd, un collectif de musiciens professionnels, compositeurs et interprètes.
{*Renseignements et tarifs pour le concert, cliquez ici}
Paul Tian : Pouvez-vous nous parler davantage des artistes et de la programmation prévue pour la soirée du 22 décembre au théâtre de Luchon avec les Zacoustick et l'Orchestre de Chambre de Toulouse ?
Patrice Bégué : Ce projet remonte aux débuts de l'association en 2020. L'idée initiale était de créer un "festival" de courte durée sur deux jours, comprenant quatre concerts (deux par jour), avec pour objectif de mettre en lumière les artistes soutenus par PPProd. Dès le départ, la communauté de communes Pyrénées Haut-Garonnaises (CCPHG) a exprimé son soutien à l'événement, dès lors qu'il revêtait une dimension territoriale, notamment avec l'intervention des artistes dans les écoles et collèges de son territoire.
Zacoustick, une formation accompagnée par PPProd, participe au projet (cliquez ici).
L'Orchestre de Chambre est notre invité d'honneur. Ma rencontre avec Nabi Cabestani, violoncelliste renommé et soliste à l'OCT, remonte à un stage de musique en Ariège auquel j'ai participé en tant qu'amateur apprenti. Depuis, il est devenu mon professeur régulier et ami. C'est grâce à lui que l'OCT a accepté de participer à notre événement. Notons que l'OCT, le plus ancien orchestre de chambre de France (70 ans), a la particularité d'être constitué en coopérative (SCOP), en cohérence avec notre démarche politique. PPProd est en effet organisé en association collégiale, sans président, mais avec une gouvernance collégiale composée de quatre co-responsables.
Paul Tian : En quoi consistent les interventions pédagogiques dans les établissements scolaires et la participation des lycéens de la cité scolaire de Luchon ?
Patrice Bégué : L'idée initiale était de toucher un maximum d'élèves avec une tournée en bus les amenant au théâtre pour assister aux générales commentées l'après-midi, et/ou avec des interventions d'artistes dans les établissements au cours de la semaine.
En raison de contraintes budgétaires, nous avons dû réduire la manifestation à une seule journée. Néanmoins, Zacoustick intervient dans les écoles de Marignac et Sauveterre-de-Comminges, tandis que l'OCT intervient dans les collèges de Saint-Béat et Luchon. Si nous décidons de reconduire l'événement l'année prochaine, ce seront d'autres écoles qui bénéficieront de ces interventions.
Par ailleurs, nous avions déjà collaboré avec le Lycée Edmond Rostand à travers une résidence d'artistes au sein de l'établissement au cours de l'année scolaire 2022-2023.
Paul Tian : En quoi ces activités préliminaires contribuent-elles à l'essence même de la démarche associative de PPProd ?
Patrice Bégué : Nous cherchons à toucher des publics qui ne sont pas habitués à ce type de musique, que l'on pourrait qualifier de musique d'écoute, acoustique, ou encore, assise. Nous voulons également nous adresser à des publics empêchés. Dans cette optique, nous ouvrons les générales au théâtre aux résidents des maisons de retraite de la communauté de communes.
Au sein de notre association, nous menons également des actions en faveur des publics handicapés, comme à Cierp-Gaud, avec une dimension historique centrée sur les Chemins de la Liberté.
Par ailleurs, nous avons un projet de co-résidence d'artiste avec Zacoustick et les Bras Cassés. Les Bras Cassés sont un groupe de musique basé en Ariège, composé d'adultes en situation de handicap.
Nous avons également offert nos prestations musicales dans divers établissements du secteur médico-social, dont des foyers d'accueil médicalisés et des maisons d'accueil spécialisé.
Lors de nos résidences d'artistes, nous incluons systématiquement des actions de médiation. Nous avons par exemple travaillé avec le centre de loisirs d'Argelest-Gazost et les écoles primaires à Cauterets, dans les Hautes-Pyrénées.
Paul Tian : Quel est le répertoire de l'Orchestre de Chambre de Toulouse et celui des Zacoustick ?
Patrice Bégué : Le répertoire de l'OCT se compose des 'Classiques du Classique', regroupant des airs bien connus du répertoire classique. L'idée de la soirée est de présenter un programme de qualité qui puisse séduire un large public. Les Zacoustick, quant à eux, proposent un style de musique plus populaire, mêlant swing et flamenco. Cependant, pour cette soirée spéciale, ils présenteront leur dernier répertoire, qui comprend des arrangements de pièces de JS Bach, deux morceaux de Mozart, ainsi que des compositions originales de Quentin Buffier.
Paul Tian : L'aspect écologique est également au cœur de vos préoccupations, me semble-t-il, avec une compensation carbone pour les déplacements des musiciens. Pouvez-vous expliquer comment cette initiative contribue à la durabilité de vos événements, et quel rôle joue l'association écosia dans ce contexte ?
Patrice Bégué : C'est une préoccupation partagée par l'ensemble du bureau de l'association ainsi que par les musiciens. Nous avons choisi "Ecosia" comme partenaire pour compenser notre empreinte carbone. Nous ne sommes pas particulièrement favorables à l'idée de la compensation carbone en tant que solution magique, souvent qualifiée de 'greenwashing'. Cependant, dans ce cas précis, nous nous y engageons car il n'y a pas d'alternative immédiate. La ligne de train aurait pu être une option, mais il est même incertain que cela aurait résolu le problème, étant donné que les contrebassistes ne sont pas les bienvenus par la SNCF...
En revenant sur cette idée de compensation carbone, je la mets en parallèle avec le recyclage des plastiques. À mon sens, il s'agit d'une fuite en avant qui ne répond pas à la problématique de la réduction des déchets et de notre empreinte écologique. En effet, que deviennent les plastiques recyclés : des vêtements synthétiques comme les polaires, des meubles de jardin ? C'est bien, mais que deviennent ces objets en fin de vie ? Ils deviennent des déchets ultimes qui ne réintègrent pas les cycles du carbone. Les solutions plus efficaces seraient le réemploi, la fin de l'obsolescence, l'utilisation de matières premières naturelles (organiques) et la consigne. Mais je m'éloigne du sujet principal...
Paul Tian : La solidarité occupe une place prépondérante dans votre approche, notamment avec des prix de concerts bas et adaptés aux ressources de chacun. Comment fonctionne la cagnotte alimentée par les dons, et quelles initiatives concrètes permettent aux moins fortunés d'accéder aux concerts ?
Patrice Bégué : L'aide de la communauté de communes nous permet de proposer des prix abordables et d'instaurer un deuxième tarif avantageux pour les demandeurs d'emploi, les moins de 26 ans, les personnes en situation de handicap, et même (même si je ne devrais pas le mentionner) pour ceux qui ont des difficultés financières, sans vérification spécifique de chaque situation. Comparons tout de même avec le prix d'une place de cinéma. Vous aurez en face de vous 3 à 10 musiciens virtuoses en chair et en os, pour qui c'est le métier.
Paul Tian : La démarche d'achat de "tickets suspendus" en prévente me semble une idée intéressante et très rare sur le luchonnais, pour ne pas dire unique. Pourriez-vous nous expliquer comment fonctionne ce concept et comment le public peut contribuer à rendre la musique accessible à tous lors de cet événement à Luchon ?
Patrice Bégué : C'est une initiative qui demandera du temps pour se faire connaître et être utilisée. Elle s'inspire des 'cafés suspendus' proposés dans certaines grandes villes, où l'on paye un café en donnant un peu plus. Le surplus alimente une cagnotte qui permet à ceux pour qui le café est un luxe de pouvoir en profiter, de passer un petit moment au chaud, et d'avoir des contacts humains, particulièrement pour les plus exclus.
La limite de notre proposition réside dans la diffusion de l'information sur ce dispositif, disponible uniquement sur le site d'achat des billets HelloAsso. Nous comptons sur les médias, dont bien entendu le vôtre, et le bouche-à-oreille ! Nous avons déjà reçu quelques dons, notamment lors de l'achat de billets PPProd. Les donateurs n'ont pas précisé que c'était pour des tickets suspendus. Je m'adresserai rapidement à eux pour savoir s'ils souhaitent consacrer ce don à cette proposition ou non. En outre, nous envisageons différentes façons d'utiliser ces dons au sein de PPProd, que ce soit pour soutenir un artiste en particulier, financer des tickets suspendus pour le futur festival, contribuer au fonctionnement de l'association, ou équilibrer le budget de la soirée du 22.