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18 Feb

Stop au "Montagne Bashing"

 - Catégories :  #Montagne, #Bashing, #Pyrénées, #Alpes, #énvironnement, #économie, #Jean-Pierre Rougeaux, #Valloire, #Actualité, #neige, #ski, #dénigrement, #Luchon, #Les Agudes, #Superbagnères

Stop au "Montagne Bashing"

Alors que depuis ce week-end la polémique monte en France, suite à l'héliportage de neige à la station de Luchon-Superbagnères, une opération menée par le Conseil départemental de la Haute-Garonne, je publie ci-après la lettre adressée par Jean-Pierre Rougeaux, maire de Valloire (Savoie) aux membres de l'association des maires de stations de montagne :

S’il vous plaît, arrêtez le dénigrement de la Montagne, mettez fin au "Montagne Bashing" cessez de nous complexer !!!

Nous ne le méritons pas, oui les conditions de 2020 ont nécessité, pour que les vacances d’hiver puissent se réaliser dans certaines stations, un apport en neige exceptionnel par camion ou par hélicoptère, afin de raccorder quelques dizaines de mètres de pistes.

C’est évidemment très visible et cela offre un merveilleux sujet au dénigrement des contempteurs. 

Il y a 100 ans, lorsqu’il y a avait des hivers sans ou avec peu de neige, les habitants étaient heureux de cette météo douce et clémente, aujourd’hui des centaines de milliers de personnes et d’habitants de nos territoires de Montagne vivent grâce à la valeur économique du flocon de neige.

Valeur économique dont la nature se moque largement !!!

Alors bien sûr ces épiphénomènes de transport de neige pour qu’un village puisse assurer un minimum d’activités, pour faire vivre ses habitants, peut apparaître médiatiquement, suivant qui l’explique et comment il l’explique, fort dommageable.

Les nombreuses stations qui ont pu par des conditions favorables et un équipement performant fabriquer l’appoint nécessaire en neige, n’ont pas recours à cette pratique de « dépannage ».

Cette neige qui n’est que de l’eau et de l’air, est plus de culture qu’artificielle !

Le glaçon que vous mettez dans votre pastis, est-il artificiel, de culture ou naturel ?

Il faut savoir que les fuites sur le réseau d’eau français représentent 1 milliard trois cents millions de m3 par an. (Chiffre Veolia)

Il faut savoir que la neige de culture représente au maximum 33 millions de m3 d’eau par an sur le territoire français : soit un rapport de 1 à 40 !

Le corollaire de ceci est, qu’avec une année de fuite d’eau en France, nous pouvons produire plus de 40 années de Neige de culture.

Une part majoritaire de cette neige provient de l’eau de « retenue collinaire », de l’eau stockée à partir du printemps, envoyée sur les pistes fin novembre, et restituée à la nature par écoulement et infiltration naturelle à 80 % sur leur bassin versant et par 20 % d’évaporation.

Ces retenues collinaires peuvent avoir 6 affectations, pour la neige, pour l’agriculture, pour le bétail, pour la pêche l’été, pour les incendies dans certaines régions, et enfin au pire peut-être dans un jour lointain, pour l’eau potable.

Nous aimerions nous passer de produire de la neige, difficile de sevrer les vacanciers du plaisir du ski, difficile de couper brutalement un pan économique de l’activité montagnarde, sans mettre en difficultés incalculables des bassins de vie accrochés en altitude.

Nous ne sommes peut-être pas les tous premiers de la classe, mais au fait, existent-ils ?

Les leçons que l’on nous donne cachent une réalité bien plus impactante et insidieuse de beaucoup de secteurs. 

Et je ne parlerai pas ici de tous les secteurs polluants destinés à une économie « futile » car ce n’est pas en tirant sur les autres que nous nous dédouanerons des reproches que l’on nous fait, mais sachez qu’à la Montagne, nous produisons nos revenus sur place, nos entreprises nous font vivre, des entreprises dont nous n’avons pas à rougir quant à leur pouvoir de pollution ou de nuisance.

Arrêtez de faire croire, de penser, de dire, de divulguer que c’est parce que le réchauffement climatique est plus visible chez nous, que la Montagne en est responsable.

Non ! Nos sociétés ont façonné notre planète telle qu’elle est aujourd’hui, si l’homme a été responsable de son réchauffement climatique, ne pourrait-il pas devenir responsable de son refroidissement climatique ?, à condition de tous s’y mettre et de ne pas pointer du doigt en les désignant à la vindicte populaire, des secteurs d’activités malgré tout modestes.

Quand il va falloir tous s’y mettre, cela va être sportif !!!

Nous espérons passer un Cap difficile, entraidons-nous tous, Politiques, Administrations, Associations, Citoyens, pour le passer le mieux possible, sans trop de dommages collatéraux immédiats. 

Jean-Pierre Rougeaux, Maire de Valloire. Le 17 février 2020

 

 

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"Aucune carte du monde n'est digne d'un regard si le pays de l'utopie n'y figure pas" (Oscar Wilde)