Luchon : entretien avec l'artiste plasticienne Marie Colombié qui souffle ses dix bougies à la Maison du Curiste
Marie Colombié expose à la Maison du Curiste de Luchon du 1er au 15 septembre. C'est pour elle son exposition annuelle dans cette ville qu'elle aime tant. Elle fête également ses dix ans d'exposition à la Maison du Curiste. En découvrant ses créations, vous ne manquerez pas de pointer son évolution remarquable. J'ai rencontré Marie, il y a aussi dix ans, pour sa première exposition. Je n'avais pas encore créé "Luchon Mag". C'est l'année suivante, au cours de l'été 2014, que mon site d'info est né, et que j'ai donc consacré la première interview de Marie... qui est devenue une amie.
Paul Tian : te voilà, de nouveau, à la Maison du Curiste, en ce mois de septembre, pour une nouvelle exposition, après Montréjeau, Barbazan... C'est un peu une anniversaire cette exposition luchonnaise, non ?
Marie Colombié : Comme tu la sais, c'est véritablement un enchantement que de revenir chaque année pour exposer à la Maison du Curiste de Luchon. Cet espace suscite en moi une sensation singulière de bien-être. Effectivement, cela fait maintenant dix années que je prends part à cette aventure estivale, et il est opportun de mentionner que ma première exposition a vu le jour à Luchon en juillet 2013.
Ce moment résonne dans ma mémoire comme un souvenir des plus merveilleux, et il a tissé une trame d'émotions et d'expériences exceptionnelles, tout ceci grâce à cette ville. Il me semble encore irréel de pouvoir vivre un tel rêve, et contempler cette décennie d'engagement artistique et d'interactions humaines.
Ces dix années m'ont permis d'établir des rencontres d'une rare intensité à Luchon, parmi lesquelles celle avec Chantal Rubio et l'association des déficients visuels de Pamiers, "Pourquoi pas Moi". Une aventure véritablement extraordinaire, riche en partage et en découvertes.
Quelles sont les créations que le public va pouvoir découvrir cette année ?
Marie : les visiteurs vont pouvoir découvrir sur les cimaises de la Maison du Curiste une rétrospective des différentes expositions des dix années passées. De surcroît, elles accueilleront les œuvres inédites que j'ai créées au fil des saisons, tels les tableaux évoquant Toulouse et Albi, ainsi qu'un clin d'oeil à mes vacances en Bretagne et en Normandie.
En outre, un élément distinctif embellit cette édition, à savoir trois clichés sculptés, fruit d'une collaboration avec des photographes professionnels.
C'est Stéphanie Poulain Vocoret qui a amorcé cette association en me proposant l'étonnant tableau du pêcheur. Cet échange a ouvert la porte à l'une de mes aspirations, celle de collaborer avec des photographes de métier. Mon coup de foudre pour cette photographie a instantanément suscité son enthousiasme pour une telle collaboration.
Puis, c'est Didier Hillion qui a suivi le mouvement. Cependant, dans ce cas, le choix des photographies ne m'appartenait pas. Didier me les a soumises, et je dois avouer avoir quitté ma zone de confort. Travailler le noir sur noir, découper les pêcheurs de Madagascar dans la nuit... Un exercice complexe. Toutefois, il avait expliqué la symbolique de cette composition : guider les non-voyants vers la lumière, et immerger le voyant dans la nuit. Trouvant cette idée d'une rare profondeur, je me suis résolument lancé dans sa réalisation.
Le second cliché, en revanche, affichait une épurée simplicité, une œuvre parfaitement adéquate pour communiquer avec les non-voyants.
L'ensemble de mon exposition sera composé de nombreuses toiles, d'affiches et de photographies, offrant ainsi une palette riche et variée de mes créations.
Quels sont tes projets pour les prochains mois ?
Marie : des réalisations concrètes prennent forme pour les prochains mois, à commencer par une exposition à l'hôpital de Saint-Gaudens, dont les dates en novembre ne sont plus qu'à fixer.
Parallèlement, une opportunité s'est dessinée grâce à deux autres photographes professionnels qui ont sollicité ma collaboration pour sculpter leurs clichés. Bien que l'échéance pour Luchon soit passée, l'exposition à Saint-Gaudens s'annonce des plus prometteuses, avec Yann Verrier Sauvaire et Sophie Loustau pour complices.
En compagnie de Sophie, cette collaboration pourrait également s'étendre vers une autre cause.
Tous les quatre photographes, exposent régulièrement dans des galeries.
Mon aspiration profonde réside dans la création d'un pont entre deux univers, permettant d'inviter les non-voyants à franchir les portes des galeries. Pour cette ambition, les ingrédients sont là, ne manquent que du temps et quelques moments de répit, une constatation que je fais avec un sourire sincère.
Mon parcours artistique n'est pas parmi les noms de l'art les plus reconnus, mais une grande structure artistique m'a fait part que je ne satisfaisais pas à leurs critères d'exposition. Cependant, elle a tenu à souligner la remarquable démarche que j'entreprends, m'encourageant vivement à poursuivre mes efforts pour l'inclusion. A leur égard, je ressens une profonde gratitude et j'adresse mes encouragements chaleureux à tous ceux qui, tout comme eux, trouvent en mon travail une remarquable contribution, un beau projet voué à l'inclusion et à l'art universel. Surtout, je les incite à persévérer afin que nous puissions réaliser un projet grandiose et inspirant à l'avenir...
A lire sur mon blog :
- Marie Colombié nous parle de son rendez-vous parisien au ministère de la Culture (cliquez ici)
- Luchonnaise de coeur, Marie Colombié expose à la clinqiue Pasteur de Toulouse (cliquez ici)
Du côté pratique :
"Envole nous" de Marie Colombié
Maison du Curiste, Parc des Quinconces à Luchon
Tous les jours de 10h30 à 12h3O et de 15h à 19h
Entrée gratuite