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02 Dec

Le photographe Elliott Erwitt est parti pour son dernier voyage au-delà du Noir et Blanc

Publié par Paul Tian  - Catégories :  #Elliott Erwitt, #disparition, #photographe, #hommage, #Rolleiflex, #agence magnum, #street, #streetphotography, #panthéon, #photo, #chien, #animaux, #humain

 Le photographe Elliott Erwitt est parti pour son dernier voyage au-delà du Noir et Blanc

Au fil des années, ma vie s'est entrelacée avec l'art fascinant de la photographie. À 10 ans, mon grand-père paternel, ce virtuose des images à la frontière entre l'amateur et le professionnel, m'a offert mon premier appareil photo, perdu lors de mon exil algérien... Depuis ce moment inaugural, l'objectif est devenu une extension de mon regard, un compagnon fidèle pendant plus de 60 ans.

 

Ainsi, lorsque les échos lointains du "New York Times" ont annoncé le départ d'Elliott Erwitt, l'un des phares de mon panthéon photographique, une onde de nostalgie a traversé les souvenirs capturés dans l'obscurité du temps.

 

Le "Doisneau américain", l'âme vagabonde de l'agence Magnum, s'est éclipsé, laissant derrière lui un monde imprégné de tendresse et de souvenirs figés.

 

Elliott Erwitt, ce "photographe total" dont l'œil facétieux n'avait rien d'un professionnel guindé, préférait se définir en tant que "photographe amateur," un amoureux infatigable de la vie. Pendant près de huit décennies, il a été le témoin privilégié de l'existence humaine, capturant des fragments éphémères, des plages de Rio aux salons de l'électroménager de Moscou.

 

Son Rolleiflex, semblable à une baguette magique, dévoilait la magie au cœur même de la banalité quotidienne.

 

Aux derniers feux de sa vie, Erwitt confiait son amour pour "les gens. Et les chiens." Une tendresse tissée dans chaque cliché, une affection infinie pour ces compagnons à quatre pattes, "parfaits modèles" selon ses propres mots. La rétrospective cette année au musée Maillol à Paris, a dévoilé la poésie de ses images. Un portrait excentrique d'une dame aux bottes, tenant en laisse un chihuahua coiffé d'un bonnet de laine, révélant le caractère unique de chaque instant figé dans le temps.

 

Erwitt, ce voleur d'instant décisif, dérobait la magie des scènes ordinaires, transformant chaque photographie en un sourire figé. Un baiser sur une plage californienne au crépuscule, un doigt accusateur de Nixon pointé sur Khrouchtchev impassible... chaque image, un récit en noir et blanc, éveillant l'émotion.

 

La couleur, réservée aux commandes, restait étrangère à son monde. "Ma vie est déjà assez compliquée comme ça," expliquait-il avec une sagesse désarmante.

 

Né Elio Romano Erwitz à Paris en 1928, le jeune Elliott erra de Milan à Hollywood avant de s'installer à New York.

 

Ma propre romance avec la photographie résonne avec ces premiers pas, alors que, muni de mes appareils photos, longtemps des Nikon, j'ai parcouru le monde à travers mes lentilles avides de vie.

 

En 1953, Erwitt, le jeune prodige, rejoignit l'agence Magnum sous la tutelle de Robert Capa. Ascendant rapide, il insuffla une nouvelle vie à Magnum en tant que vice-président pour l'Europe. "Le travail commercial n'est pas mauvais en soi," plaidait-il, répondant à ceux qui doutaient de l'intégrité artistique.

 

Polyglotte de l'objectif, Erwitt sillonna les continents pour Life, Look, Collier's et Paris Match. Son objectif était une fenêtre sur le monde avec ses rencontres de Che Guevara à Marilyn Monroe...

 

En parallèle, il donna vie à des documentaires et des films comiques pour HBO, jonglant avec les multiples facettes de son art comme un nomade éternel.

 

Elliott Erwitt, l'homme aux six mariages, huit enfants, et une meute de chiens, avouait travailler jusqu'au bout pour payer les factures, gardant son regard rivé vers l'inconnu.

 

"Le voyage est très important," proclamait-il. Autant dire une phrase qui me convient parfaitement...

 

Elliott Erwitt, le virtuose de l'instant, le maître du noir et blanc, vient de s'éteindre, mais ses images, fragments d'éternité, continueront à captiver, à sourire à travers le temps et résonneront étrangement avec les premiers clics de mon propre voyage photographique.

(Photo Alessio Jacona from Rome, Italy /  Wikipedia / CC BY-SA 2.0)

(Photo Alessio Jacona from Rome, Italy / Wikipedia / CC BY-SA 2.0)

(Capture écran)

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"Aucune carte du monde n'est digne d'un regard si le pays de l'utopie n'y figure pas" (Oscar Wilde)