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25 Jan

Disparition de Henriette Ardouin : l'hommage du maire de Luchon, Eric Azémar

Publié par Paul Tian  - Catégories :  #Henriette Ardouin, #Mme Alix, #photographe centenaire, #disparition, #Luchon, #Pyrénées, #hommage, #Père Bellème, #maire de Luchon, #Eric Azémar, #Bagnères-de-Bigorre, #Claude Cazabat, #Era Caso

(Photo © Jean Sansuc)

(Photo © Jean Sansuc)

Les obsèques de "Mme Alix" ont eu lieu mardi en l’église Notre-Dame-de-l’Assomption en présence de ses proches et amis, du Père Béllème, l'ancien curé de la paroisse de Luchon et des maires de Bagnères-de-Bigorre, Claude Cazabat et de Bagnères-de-Luchon, Eric Azémar. Henriette Ardouin a été inhumée mercredi au cimetière de Saintes, en Charente-Maritime, auprès de ses parents.

Voici ci-après, l'hommage rendu par le maire de Luchon, Eric Azémar :

Nous sommes donc rassemblés ce matin pour rendre un hommage solennel à une figure emblématique, incontournable de Luchon et de son pays, Madame Henriette Ardouin. J'ai eu l'honneur et le bonheur, avec l'équipe municipale, d'honorer Mme Ardouin, l'année dernière, à l'occasion de son 104e anniversaire. Une célébration à laquelle a participé la mairie de Bagnères de Bigorre et je salue aujourd’hui son maire ici présent.

Je tiens à remercier celles et ceux qui, tout au long de ces dernières années, ont pris soin d'elle, lui ont apporté toute leur affection, on peut même dire leur amour. Je remercie en particulier, le personnel d'Era Caso.

Sa notoriété à Luchon lui vaut de multiples appellations : Mademoiselle, Madame, Henriette, Mme Ardouin, Melle ou Mme Alix. Les allées d'Etigny peuvent témoigner de la popularité d'Henriette que je continuerai à appeler par son prénom. Elle s'en est allée le 16 janvier dernier vers un ailleurs qui ne manquera pas de la rapprocher de l'éternité, après un ultime voyage. Henriette, qui disparaît à nos yeux, restera indéfiniment attachée à notre cœur, à notre mémoire : son existence est devenue une histoire d'amour de la vie, une histoire de bonheur avec le pays de Luchon et ses habitants.

Permettez-moi, chère Henriette, de vous rendre un peu ce matin de la gentillesse, de la sympathie, de l'amitié que vous m'avez toujours manifestée.

Vous êtes née en septembre 1918, à une époque pour le moins troublée, en Charentes Maritime, dans la ville de Saintes. Votre installation à Luchon date de 1948, quand il a fallu, à votre belle trentaine, assurer la succession de M. Georges Eyssalet, créateur de l'enseigne Alix à Tarbes. Vous avez œuvré jusqu'à l'âge de 102 ans, jusqu'à devenir la doyenne des commerçantes de notre hexagone. "Le travail au magasin, c'est ma vie, c'est tout ! J'aime les clients qui rentrent, c'est agréable ! Chez moi, ils sont comme chez eux !".

Alors, Le matin, il faut installer, sur le trottoir, les présentoirs de cartes postales : mais "c'est facile, ça roule !" me disiez-vous.

Chère Henriette, ne le répétez pas : votre vie est une leçon de sagesse, de simplicité, de bienveillance, de respect et d'amour de l'autre. "Chez moi, c'est chez vous !" votre sens de l'accueil, du bonheur du client, votre générosité resteront dans la mémoire des Luchonnais des allées d'Etigny et bien au-delà.

Votre art de vivre, de captiver le bonheur repose sur la simplicité : "j'ai envie de vivre, de prendre le temps de vivre, je n'ai pas envie de mourir ; le temps passe, moi je reste…" affirmiez-vous, séduite par le proverbe qui prétend que "pour devenir centenaire, il faut commencer jeune". "Je ne fais pas attention à mon âge," disiez-vous, parce que " l’âge est une grâce qu'il faut mériter, non un poids qui vous écrase". "Quand la santé me quittera, disiez-vous je quitterai la boutique ; le magasin, c'est ma vie ! ;

"On boit, on mange, on dort, on travaille, en attendant que les jours passent ; moi, je reste, avec l'envie d'être heureuse sur terre à tenir mon rôle !"

Un poignet ou un fémur cassé, une petite hypertension n'ont fait que distraire votre détermination au travail. Femme libre, vous avez surmonté toutes les humeurs du climat et affronté tous les paysages du pays de Luchon, avec votre matériel photo en bandoulière et vos états d'âme par-dessus.

Sans apprentissage préalable, vous avez choisi d'arpenter Luchon, le pays de Luchon, Superbagnères, pour nous offrir des souvenirs indélébiles. Vous nous avez appris à partager votre amour du pays de Luchon avec votre talent et la collection des cartes postales que vous avez créées et qui ont fait le bonheur des curistes, des touristes et de tous les amoureux du Luchonnais et de la beauté de notre environnement.

D’ailleurs, aujourd’hui avec cette belle neige fraîche et ce beau soleil, vous seriez certainement sur les Allées d’Etigny en train d’immortaliser une dernière fois ce Vénasque enneigé que vous aimiez tant !

Chère Henriette, je ne peux non plus faire abstraction d'un devoir de mémoire en évoquant toutes celles et tous ceux dont vous avez fait le portrait. Qui peut oublier votre attention, votre bienveillance pour créer les meilleures conditions de prise de vue, à la recherche de la perfection ?

Chère Henriette, laissez-moi enfin évoquer votre rire au bout de chaque phrase et votre sourire au bout de chaque silence, exprimant ainsi votre bonheur d'être en vie.

Là où vous allez, vous méritez d'accéder à la meilleure place, pour l'éternité.

Mais en fait, vous n'êtes pas vraiment partie, Henriette, vous êtes dans nos cœurs pour toujours.

Eric Azémar, maire de Bagnères-de-Luchon

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M
Nous n oublierons jamais son sourire sa gentillesse.on voyait qu elle était heureuse dans son magasin humeur toujours égale.qu elle repose en paix.elle le mérite.
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"Aucune carte du monde n'est digne d'un regard si le pays de l'utopie n'y figure pas" (Oscar Wilde)